Soutien à m.
Publié le 2 Novembre 2013
Quand le prisme de la haine racornira les cœurs et rétrécira les songes
Quand les ongles de la faim écorcheront le flanc blême des exclus
Quand les pierres frapperont les roulottes aux ailes désinvoltes
Quand la furie des regards consumera l’azur des violons
Quand la sulfureuse folie répandra son acide sur les mains accrochées aux barreaux
Quand l’égoïste démesure scalpera l’ondulante coiffe des taudis
Quand l’hiver brulera le souffle innocent des clochards
Quand les adorateurs d’albâtre égorgeront l’arc-en-ciel
Quand les puissantes surdités aveugleront l’espoir des faibles
Quand les bouches perverses et dociles sculpteront de fausses vérités
Quand les dieux emmureront les enfants et déracineront les oliviers
Quand la sécurité deviendra l’alibi des matraques et des chiens policiers
Quand les ailes du silence planeront sur le Chiapas et tout Abya Yala
Je réécrirai la légende d’Emiliano et redonnerai à la terre sa pleine maturité
J’irai jusqu’à la fin des temps rassurer de mon chant ceux qui n’osent plus parler d’amour
Je creuserai des mes mains l’aridité des hommes pour y laisser couler un Jourdain retrouvé
Je composerai simplement une mélodie nouvelle dont la clé se parfume à l’authenticité
Je serai le clair de lune qui rallume, dans l’interminable nuit, la lueur des regards
Je ferai de l’enfant métisse l’amoureuse courbe de la vie
Je serai l’ardente lave du volcan qui enfante la chaleur de la terre
Je couvrirai de lauze fraternelle une charpente solidaire
Je donnerai aux chaines des ailes aux plumes de nuage
Je peindrai une affectueuse symphonie à la pointe d’un archet langoureux
Je serai l’impétueux torrent qui polit le rocher de tendresse pour l’éternité
Je serai l’arbre partageur qui offre ses fruits, enlaçant tendrement de ses branches les joues creuses
Je galoperai comme l’infatigable pur sang qui martèle les libres sentiers du vent de ses sabots rebelles
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Si j’étais un grillon
Je me ferais la voix
Des petits compagnons
Muets et aux abois
Si j’étais une toile
Je broderais les points
Qui couvrent de leur voile
Les abris avec soin
Si j’étais une pierre
Je bâtirais dans l’ombre
Au creux de la rivière
Des murets en surnombre
Si j’étais eau de chaux
Au cœur de la tortilla
J’écrirais le plus beau
Duo pour estomac
Si j’étais une cigale
Sur la scène qui slame
Je crierais sans égale
L’injustice qui se pâme
Si j’avais le cœur pur
Dans mes textes de l’amour
Je battrais ferme et dur
Ceux qui font un détour
J’m. le petit grillon
Qui tisse les abris
De son cœur des millions
De murets y construit
J’m. la petite cigale
Qui nourrit ventre et âme
D’une poésie d’opale
D’amour et puis de flamme