Publié le 18 Octobre 2020
Mézenc,
Puisant
Dans la veine de ta minéralité
Au plus près
Au plus pressé
Tu as le temps pour toi
Jamais le temps ne presse,
Mézenc
Mont des paresses où la fibre au plus profond de toi
Sans doute se tire aux forceps
D’autrefois.
Toi, mi hermana, tu es retournée à tes racines
Un cœur t’y attendait
Entre les bras
Gris et latents
De la pierre du firmament
De la suie couleur de froid
Du charbon
Tu as laissé derrière toi
Le port autonome,
Les pommiers et Vallourec
Pour chercher au tranchant des forceps
La voie des ancêtres.
Je me dis que de mon côté
Je ne sens pas mes racines
Mon sang est un nomade
Qui erre entre Andes et Amazonie
Même si
De fortes vibrations un jour je ressentis
Au sommet breton
Des monts d’Arrée.
Pourtant, je vois, je vibre
J’écris
Je te vois, Mézenc et je me souviens
De toi et du Gerbier de Joncs
Dans ma remembrance,
Un sang encore chaud
Bout dans mes tempes
Et dans la chaîne des Sucs
Le rire des genêts il y a quelques ans
A réveillé quelque chose de sacré.
Mézenc,
Vieux mont brigand
Serais-tu cette matrice ?
Ce fil conducteur qui mène au tramway
Qui déroule à l’envers
Les années ?
J’ai vu la photo des cousins
Le sang a parlé !!
Les sourires sont là dans le creux de ma main
Comme une saveur d’autrefois
Ce sont des inconnus, Mézenc ;
Pourtant le forceps a tiré malgré moi
Un air connu qui ne trompe pas.
La vie prend pour chacun ses tournants
Envoie tant de tentacules
Eparpillées, âmes
Esseulées
Autour de cette terre
La pierre a ce grand pouvoir
Réunificateur, celui
Qui te dis :
Prends !
Je suis ta sœur
En moi repose la veine-mère
La myrtille coiffée par le peigne en famille
La découverte du Mézenc et du Gerbier de Joncs
Et un endroit où reposaient des momies
A St Bonnet le château,
Les moissons, la canicule de 76,
Une vipère sous un arbre,
Une gamelle à moto,
Le père Bonhomme et ses vaches,
La tatan Philo et le tonton Eugène
Tout ceci a construit une citadelle
Qui ne s’oublie pas.
Mézenc,
Fils de la grande épopée rebelle
Là où sans doute les volcans
Etaient rois
Je vois qu’ici aussi les gens
Ont besoin de construire des édifices
Partout sur les sommets poussent les cairns
Non appropriés
Comme des traces de pas qui veulent se démarquer
Identifier leur présence
L’empilement de pierre pourtant
S’édifie dans le cœur, dans le sang
Le cairn à mes yeux est évocateur
De ses couches-ci de lasagnes que la souffrance
Erige en chaque être
Qui, lorsque tu les identifies
Doivent un jour être démontées
Pour repartir au zéro des racines
Là où, dans l’utérus précieux
La terre-mère bat la chamade,
Intemporelle,
Eternelle,
Te disant :
La vie mais qu’est ce que c’est ?
Si ce n’est ce grand tout
Qui résonne, qui vrombit
Dans chaque brin d’herbe
Dans chaque pétale
Dans chaque pierre
Dans chaque tronc
Dans chaque rivière
Dans chaque petite espèce si infime soit-elle
Qui te rappelle
Que l’éternité est ta maison
Que la terre est ton véritable réceptacle.
Mézenc,
Jeune mont mimétique
Au-delà de ta grande puissance
De ta profonde minéralité
Je vois des visages qui s’inscrivent
Qui me sont chers et bien au-delà
Y aurait-il malgré tout
Une goutte de sang restée coincée
Entre la mine et les apparences
Cette goutte de sang
Que ma sœur
M’envoie
Avec puissance
Comme pour me rappeler
Que dans la solitude
Il y a au-delà
Des pierres qui se rappellent de nous ?
Carole Radureau (18/10/2020)
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Photos de ma soeur Catherine