poemes pour les mcs

Publié le 7 Mai 2021

Exclusion volontaire (Témoignage poétique sur l’hypersensibilité chimique multiple)

 

Accepter ce qui semble inacceptable

A quoi sert de résister ?

Ce n’est pas une résistance ouverte, non (plus la force)

C’est une résistance passive qui ne dit pas son nom

Mais qui persiste qui prend son temps

Comment accepter ce qu’une telle maladie implique ?

A savoir le fait de devoir s’exclure volontairement

Sortir en catimini de la vie de ses proches :

« Je suis morte » dit-elle, « de mon vivant ! »

C’est une façon de disparaître

Peut-être pas, non, peut-être pas

Moi c’est ainsi que je le vis

C’est qu’il faut avoir encore des forces pour affronter

Ne serait-ce qu’une faible odeur

Une odeur ou parfois même aucune odeur

C’est un malaise assuré

Voire un malaise vagal subit

L’extinction des feux

S’ensuivent 3 jours au moins de dégradation

Etat général inflammatoire

L’impression d’être une moribonde

L’envie de disparaître pour de bon

 

Il faut l’accepter

Elle veut être agréée cette maladie qui fait partie de toi

C’est ta nouvelle compagne de route

Tu en voulais une ?

La voici !

Accepte-là dans ta méditation, accepte-là sans la juger

Accepte-là non pas pour guérir : nulle guérison !

Accepte-là pour moins souffrir

Et c’est comme si tu vivais avec un ennemi que tu dois aimer

Accepte-le cet ennemi, te dis-je

Il fait partie de toi

C’est comme vivre une aventure permanente

En restant chez soi sans nul autre univers

En s’en satisfaisant

Parce que pour d’autres c’est bien pire

 

Je sens bien qu’il y faudra plusieurs séances, dit-elle

Accepter ceci c’est n’est pas comme tremper le doigt dans le pot de miel

Il faudra faire la lumière sur elle comme pour les autres maux

Que le moment présent glisse son voile d’à-propos

 

Je vis et pense à des choses cruelles

Le COVID est tombé à point nommé

D’un seul coup, sans que je n’ai encore pu me retourner sur ce MCS

L’ensemble des habitants de la terre

Avait reçu sur sa jambe gauche le toit de ma maison

Chacun vivait en accéléré un mode de vie

Très semblable au mien

Je ne m’en réjouis pas

Rien ne me fera dire un jour que je souhaiterais mes conditions de vie

A quiconque même un vilain méchant

Le COVID me fait gagner du temps

Que faire de ce temps en dehors de sortir du moment présent

Et d’avoir peur de la suite ?

 

Il y a des personnes qui vivent l’enfermement dans le cadre de la justice

Il y a des personnes qui vivent l’exclusion volontaire dans leur univers douillet

Il y a pire que toi

Il y a pire

Répète-le et convainc t’en

En vivant le moment présent la vie peut s’écouler

Il ne faut rien attendre

Juste écouter le chant des oiseaux

 

Il y a un constat terrible que nos proches ne peuvent entrevoir

C’est au quotidien que le temps s’arrête

Que le vent mauvais est perçu

A son juste niveau

Savoir que l’on détecte 100 fois plus que la normale la moindre odeur

Donne un aperçu du décalage entre vous et nous

Il faut accepter également de ne pouvoir se soigner

D’être son propre médecin

Le seul à même de savoir ce qui passe ou non

Ce n’est pas un handicap

C’est une force

Tant que le temps te laisse en exclusion

Tu peux garder cette force

Au-delà dans le monde civilisé :

L’enfer !!

 

Vous sentez tous trop bon !!

Je ne peux plus vous sentir !

Dit-elle avec un sourire.

 

Ce sera la morale de cette histoire

Une morale à mâchouiller entre le midi et le couchant de la vie.

 

Carole Radureau (07/05/2021)

 

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Poèmes pour les MCS, #Pas un jour sans poème, #Aiguillons en balade

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Publié le 7 Septembre 2020

 

 

A chaque souffrance je cultive

Le germe du rebondissement.

 

Je souffre, je gémis dans mon for intérieur (ce fort)

Puis,

Avec la petite force d’un forceps inconnu

Je trouve dans le tréfonds de mon être

Un germe : oh ! C’est une petite pousse frêle et timide

Que je prélève par la force d’un cil

Pour le hisser, tempête, au plus haut de ma volonté.

 

Rebondir pour ne pas mourir !

Grandir pour ne pas

La prochaine fois

Partir du plus bas.

 

Cultiver la graine de puissance

La graine de patience

La bouture de volonté

La racine de témérité

Ne pas résister : non ! Ça ce n’est pas le bon chemin !

Accepter : oui ! Car il n’y a pas d’autre pas pour hisser

La fleur rouge sur la barre calcaire du présent

Cette fleur rouge comme un cadeau vermillon

Comme un luth

Comme une vièle à tête de cheval

Qui gémit dans le vent de la steppe

Sa prière portée par le fluide :

Crinière guidée par le devoir de figer la souffrance en perles de calcaire à enfiler

L’une après l’autre

Sur le collier des pages tournées.

 

Carole Radureau (06/09/2020)

 

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Poèmes pour les MCS

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Publié le 28 Août 2020

 

…..Souffre en silence – Poèmes pour les hypersensibles chimiques multiples (MCS)……

 

 

Je n’ai pas demandé de révolutionner vos vies

Je n’ai pas demandé de révolutionner la mienne (quoique personnellement je voulais m’y prendre autrement)

Je n’ai pas demandé d’être ainsi

Du jour au lendemain

Inapte à la vie

Inapte à la société humaine   la grande civilisation

La reine du confort et les trois singes réunis

Non, je n’ai pas demandé d’être chiante

Non adaptable à quoi que ce soit

Exilée dans ma propre maison

Asociale    antisociale    anti-tout.

 

Mais tu vois quand la souffrance est là elle isole

La souffrance

Elle est invisible

Vous ne la comprenez pas

Car cette souffrance semble incohérente :

Un malaise pour une vague odeur que l’on ne sent presque pas

Ça ressemble à quoi ?

 

Et puis tu vois notre situation demande du changement

Elle demande un retour sur les choses

Elle montre du doigt la vérité des substances chimiques qui jonchent nos vies quotidiennes

Nos chers Home sweet home bourrés d’ennemis silencieux :

Notre poison quotidien.

 

Alors quand on souffre on se sent seuls

Plus seuls encore que lors des autres souffrances

Cela fait deux souffrances :

La souffrance elle-même et celle de ne pas être compris.

 

Autour de soit le déni

Le « je n’y crois pas trop » à cette thèse de MCS

Le « ça saoule » car il faut s’adapter

Le « mais c’est impossible de tout changer » : un mode de vie à revoir à partir du néant

Un grand recommencement

Autour de soit ça gêne de penser que ces biens matériels qui construisent une réussite sociale

Ce grand désir de possession d’objets souvent inutiles

Oui c’est dangereux, oui c’est à manier avec prudence

Oui on peut en claquer au bout du compte du confort :

Notre maison-poison, notre nid douillet pollué.

 

Mais tu vois notre rêve

C’est de l’air pur

Mais tu vois ce rêve

Il n’est pas réalisable :

Tu ouvres la fenêtre pour t’oxygéner

Qu’y trouves-tu, qu’y sens-tu ?

De l’air pur ?

Non, en dehors de la période de confinement, jamais d’air pur

Tu veux te détoxyfier de ton intérieur

Prendre une seule petite bouffée d’air pour vivre ensuite ta journée en apnée ?

Impossible :

La lessive d’une voisine sur le balcon

Le voisin qui fait du barbecue

La vague de pollution de 18 heures

Un feu qui consume des champs de culture

Le week-end c’est reste enfermé chez toi !

Car tout ceci se conjugue par X

Y compris la pollution des départs en week-end.

 

Alors souffre : oui !

Souffre parce la vie elle ne veut plus de toi

Tu n’es plus adaptable ma pauvre fille

Fallait mieux t’organiser

Fallait être prévoyante

Eviter la phase chronique

Fallait faire ce qu’il fallait

Eviter « la faute à pas d’chance ».

 

La souffrance se partage-t-elle ?

La souffrance se diffuse-t-elle ?

A-t-elle un devoir de mémoire ?

Une phase de décompensation ?

Un livre des questions ?

Un  cahier de doléances ?

Un cahier de système D anti-elle ?

 

La poésie est là comme une sœur, que dis-je

Une mère

Une maman qui console qui cajole qui n’a pas toujours les réponses

Mais qui est là.

 

La souffrance se regarde d’un air hébété de celui qui ne veut pas la voir

Elle vous dit tout haut ce que vous ne voulez pas croire, pas voir, pas entendre, pas comprendre, pas sentir, pas vivre

C’est un corps de souffrance grand ouvert, là, les pattes écartées

Pour mettre au monde un monde

Où les gens souffriront quoi qu’il en soit car cette souffrance-là

C’est la marque tangible de la fin de votre monde.

 

Nous, les MCS sommes les messagers de souffrance

Les lanceurs d’alerte de souffrance

Les écorchés vifs de la souffrance invisible, inconnue, non reconnue, non curable.

 

Donnez-moi le ciel aux étoiles écarquillées comme des paillettes de rêve

Donnez-moi l’oiseau aux multiples couleurs qui guérissent les multiples maux

Donnez-moi la lune au pouvoir vivifiant, curatif et le verbe

Donnez-moi l’amitié, l’honnêteté, la sincérité, l’empathie comme poèmes pour écrire nos vies.

 

Carole Radureau (28/08/2020)

 

 

 

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Poèmes pour les MCS

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