les oiseaux de pablo

Publié le 3 Décembre 2019

Condor

Dans son cercueil de fer il vit
parmi les pierres rouillées
se nourrissant de fers à cheval.
Dans les montagnes, la bise hurle
avec sifflet à projectile
et le condor sort de sa boîte,
aiguise ses griffes sur la roche,
étend le plumage mystique,
court jusqu'à ce qu'il n'en puisse plus
galope sur la hauteur concave
avec ses ailes ferrugineuses
et picore le zinc du ciel
traquant un signe sanglant :
le point immobile, le battement 
du cœur qui se prépare
à mourir et être dévoré.
Il vole en descendant le cyclone noir
et tombe comme un poing cruel :
la mort l'attendait en bas.
Au-dessus, de cruelles cordillères,
comme des cactus ensanglantés
et le ciel d'une couleur amère.
Il grimpe jusqu'à sa demeure
ferme les ailes impérieuses
et s'allonge pour dormir
dans son abominable cercueil.

Pablo Neruda (Arte de pájaros) traduction carolita

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Rédigé par caro et hobo

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Publié le 1 Décembre 2019

Hirondelle

Hirondelle

L'hirondelle qui est revenue
m'a apporté une lettre claire,
une lettre écrite avec de l'air,
avec de la fumée de printemps :
elle a volé, croisé, griffé, volant,
menaçant les minutes
avec sa vertu de velours
et son adresse de flèche.
Et on sait maintenant qu'elle est revenue
aux écumes d'Isla Negra
dansant dans le ciel de mer
comme si elle était chez elle
et laissant tomber du ciel
un parfum prématuré
avec les nouvelles qu'elle m'a apportées
dans une lettre transparente.

Pablo Neruda (Arte de pájaros) traduction carolita

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Rédigé par caro et hobo

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Publié le 30 Novembre 2019

Râle a bec ensanglanté

Râle a bec ensanglanté (Pidén)

Le râle a glissé dans l'ombre
jusqu'à l'ombre du râle :
il a sifflé, et la soirée devint une ombre,
convoquée par le râle
qui a glissé comme une ombre
sifflant, comme de l'eau,
et on a vu passer le râle
entre l'ombre et son sifflet :
le cimeterre du râle,
plume foncée ou eau vive
rayon courbé du râle
une ombre a couru dans le fourré,
du fourré a sauté une ombre :
l'ombre du râle a sifflé.

Pablo Neruda traduction carolita

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Rédigé par caro et hobo

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Publié le 29 Novembre 2019

Colibri II

Colibri II (sephanoides)

Le colibri à sept lumières,
le picaflor à sept fleurs,
cherche un dé à coudre pour y vivre :
ses amours sont malheureuses,
sans une maison où aller
loin du monde et des fleurs.

Votre amour est illégal, monsieur,
revenez un autre jour et une autre fois :
le picaflor doit être marié
pour vivre avec une picaflora :
je ne loue pas ce dé à coudre
pour ce trafic illégal.

Le colibri à la fin s'en va
avec ses amours au jardin
et un chat féroce est arrivé
pour les dévorer tous les deux :
le picaflor à sept fleurs
la picaflora colorée :
le chat infernal les a mangés
mais leur mort a été légale.

Pablo Neruda (Arte de pájaros) traduction carolita

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Rédigé par caro et hobo

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Publié le 28 Novembre 2019

Quiscale austral

Quiscale austral

Celui qui me regarde face à face
Je le tuerais avec deux couteaux,
avec deux éclairs de fureur :
avec deux yeux noirs glacés.

Je ne suis pas né pour la captivité.

J'ai une armée sauvage,
une milice militante,
un bataillon de balles noires :
il n'y a pas de semis qui puisse résister.

Je vole, dévore, crie et passe,
je charge et grimpe avec mille ailes :
rien ne peut arrêter la fougue,
l'ordre noir de mes plumes.

J'ai l'âme d'un bâton brûlé,
le plumage pur du charbon :
j'ai l'âme et le costume noirs :
c'est pourquoi je danse dans l'air blanc.

Je suis le noir Fleurisseur.

Pablo Neruda (Arte de pájaros) traduction carolita

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Publié le 27 Novembre 2019

Aigle

Aigle

Oiseau amer, aigle froid,
épée des cordillères,
immobile en ton éternité,
dans les années indifférentes,
dans la pierre de l'agonie.
Aigle à plumes dures,
je connais ton langage noir,
la menace de tes cyclones
ta transparence sanguinaire,
tes griffes tachées de mort
et je sais que tu reviens vaincu
à tes montagnes de pierre et de neige,
au grand silence des Andes,
à la tour des épines.
La rose a continué à fleurir,
la source a recommencé
sa conversation de cristal :
les nouveaux nids ont été peuplés
par ordre du printemps,
le lièvre s'est répandu dans la mousse
pour mettre bas au crépuscule :
s'est terminée la clarté
de la lune, des étoiles,
comme les rivières d'un estuaire
et il n'y a que toi, dévoilé,
tu n'es ni né ni épanoui :
tu étais seul avec la nuit.

Pablo Neruda (Arte de pájaros) traduction carolita

 

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Publié le 26 Novembre 2019

Albatros errant

 

En haute mer navigue le vent

dirigé par l'albatros :

c'est le vaisseau de l'albatros :

croix, il descend, danse, il monte,,

se suspend dans la lumière obscure,

touche les tours de la vague,

niche dans le mortier bouillant

de l'élément désordonné

pendant que le sel le décore

et siffle l'écume frénétique,

il glisse en volant avec l'albatros

avec ses grandes ailes de musique

en partant dans la tempête

un livre qui continue de voler :

c'est le statut du vent.

 

Pablo Neruda (Arte de pájaros)

 

Traduction carolita

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