Publié le 7 Avril 2019
…..accomplir….
……souvenirs d’enfance…..
Partons vers l’inconnu
Cet environnement unique
Celui où le végétal est roi
Le royaume du chou et de la blette
« Le lieu où naquit la betterave
Dans un cri de velouté »
Pas plus haute qu’une rangée de pois
Ce monde que je vois
C’est une jungle, la selva
Aucun doute
La nature est son domaine
Et moi petite fourmi en Amazonie.
Je suis de la taille du rang de bettes
Je les vois avec leurs longues côtes blanches
Toutes cannelées, toutes rivetées
Elles inclinent leur douce chevelure de verdure
Et me saluent au passage.
Ici je semble perdue au milieu du champ de pommes de terre
Il y a tout un tas de petites bêtes
Pas les mêmes que les bettes, hein
Celles-ci sont jaunes et noires toutes rayées avec une sale tête
Une tête qui fait enrager mon pépère
Il semble inquiet pour sa récolte.
Là-bas se hisse la canopée du jardinet
On dirait des tipis il ne manque que la fumée
Bien enroulés autour des piquets fondateurs
Les haricots à rame sont des géants
Conquérants de la canopée
Ça me fait un peu peur
Je les regarde de travers
Comme une sorte d’univers parallèle
Là où grimpent les haricots
Comme dans le conte pour enfants.
Ce que j’aime c’est le carré de pivoines
Lui aussi est de la même taille que moi
Les pivoines sont mes amies
Elles sont mystérieuses dans leur rang, bien à leur place
En quinconce comme il se doit
Leur géographie est simple et ingénieuse
Leur embranchement est conséquent
En dessous d’elles on peut trouver des cachettes
Il fait bien sombre
C’est la cachette de la pivoine
Cette fraîcheur cette douceur cette couleur cette odeur
C’est mon petit paradis à moi.
Au fond du jardin sont les ténébreuses
Les audacieuses
Les qui forcent l’imagination
Elles sont armées aussi de grosses côtes
Doucereuses et mielleuses comme des qui veulent
Qu’on les cueille
Qu’on en fasse des épées
Sous leurs gigantesques feuilles
C’est le monde de la magie
Des elfes et des escargots
Aussi de quelques limaces
Qui bavent à qui mieux mieux
Arracher une épée
S’est découper chaque doigt de la rhubarbe
Qui retient la feuille
Cette grosse perruque buissonneuse
Ombrageuse racoleuse
Cette chevelure qui tombe jusqu’aux fesses
Cette grande capillarité.
J’ai voulu goûter l’arôme du sabre un jour
Ma bouche en pendouille encore
Et mes dents à peine sorties en tremblent de colère.
Mes petites jambes ont peine à traverser toutes les allées
Le jardin potager est grand comme le monde
Je n’imagine même pas un jour
Le parcourir en entier
Il y a des endroits interdits
Parfois la nature a repris ses droits l’ortie sort de son
Bois pour rafraîchir
Les mémoires
Et la ronce fait des clins d’yeux
Tout sucre tout fruit.
Dans le potager
Il y a toujours un derrière en l’air
Comme un qui voudrait biger la lune
J’aime ce panorama du jardin
Avec les derrières en l’air
Affairés
Occupés à récolter pour la jardinière de légumes.
En rentrant maman me demandera de l’aide
Avec mes petits doigts potelés
Je tenterais –ô ce défi –
D’écosser les petits pois
Je suis sûre –croyez-moi –
Que nombreux
Vont rouler par terre
Comme de petits prisonniers martiens
Qui s’enfuient vers la liberté
Du jardin
Pour retrouver leur racine-mère
Pour se sentir
Entourés :
Là où le pois pousse
La vrille est une barrière de protection
Un barbelé à pois
Pour éviter les fuites
Mais ça
Seuls les enfants le savent.
Carole Radureau (06/04/2019)
Le jardin potager de Camille Pissarro 1881
Par Camille Pissarro — https://www.flickr.com/photos/mbell1975/6342103122/, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=18585659
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