Publié le 3 Février 2024
Sixième sens
J’ai vu tant de fois
Une burle soudaine
Et des pins trémoussant
Sortir des torpeurs estivales
Des flots de fresnes
dévallant dans la combe
sous le regards de châtaigniers
aux épaules impassibles
j’ai goûté souvent
le roulis de la nuit
son miel de silence à l’ombre
d’une chouette sous la lune penchée
un sentiment de renard
élégant et discret
le souffle d’un blaireau
demandeur de parfum
j’ai senti les yeux fermés
tout le peuple de l’herbe
des fourmis clandestines
aux épeires monte en l’air
des araignées sauteuses
et leur jeu de marelle
juste pour faire la nique
aux puissantes sauterelles
j’ai saisi dans mes doigts
l’éphémère du ruisseau
le septembre cévenol
qui coule sur mes épaules
la brume d’automne
qui s’accroche à mes lèvres
la neige du coucou
qui me brule les joues
j’entends dans les sous-bois
la course des giroles
la ronde des feuilles mortes
qui se tiennent la main
le saut d’un écureuil
et le chant du rouge gorge
complices de l’aube
fanfarons du matin
je te ressens si fort
tu es mon sixième sens
je te butine comme une abeille amoureuse
toi qui répond présent au bonheur
inlassablement
éternellement
Vivarais d’hier
Vivarais de demain
Hobo Lullaby