Publié le 12 Décembre 2021

……le langage des arbres….

 

Me voici tourmenté.

Si j’avais un ventre on dirait que j’ai la colique

Non. J’ai semble-t-il simplement Malàlâm

C’est que le pinceau qui me croque

A mal lui aussi

Ça tourne non pas dans sa barrique à lui

Sinon dans sa tête

Des pensées secrètes

Des pensées giboyeuses à n’en plus finir

Et moi dans tout ça : me voici tortueux.

 

Ceci est naturel.

 

Je pousse comme un arbre qui a la danse dans le ventre.

 

Aucune âme.

 

Juste une vague idée.

 

Un sang de résine vraie chaude et précieuse.

 

Une petite envie de communiquer.

 

Me voici grisement croqué.

 

Je suis tristement beau.

 

Vivant dans cet endroit où le calme règne

Propice au recueillement

On ne pouvait mieux trouver

Qu’un arbre tortillard.

 

Croyez-vous vraiment que j’ai Malàlâm ?

 

Je pense que je suis issu de la grande géographie

Qu’en moi s’accrochent des pensées positives

Des ondes joyeuses

Je danse pour la vie

Je danse pour la paix

Je danse pour la liberté

Je danse pour l’unité

Je danse pour la libération de la terre-mère.

 

Carole Radureau (12/12/2021)

 

Le jardin du presbytère de Nuenen en hiver Vincent Van Gogh

 

Par Vincent van Gogh — AAF2Q8Mzv9EfPw sur l’Institut culturel Google résolution maximale, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=21879087

Par Vincent van Gogh — AAF2Q8Mzv9EfPw sur l’Institut culturel Google résolution maximale, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=21879087

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Publié le 11 Décembre 2021

11. Mon habit devinette

 

……le langage des arbres….

 

Mon habit-tapis

D’écorces empilées chaque année

Un peu plus

Habit qui réchauffe protège abrite

Prospère

Comme une couverture de futaie et d’amour

Ne voilà-t-il pas qu’il lui prend

A la couverture-dure

De mimer un visage

Serait-ce mon visage ?

Serait-ce ma représentation là, là,

Sur mon tronc ?

Petit à petit se sculpte l’apparence

Oh ! je sais, vous allez dire

Que c’est le truc qui fait voir des licornes dans les nuages

Après tout pourquoi pas des images sur les troncs

Mais non

C’est plus que cela

Car cela nous échappe

A vous mais aussi à moi qui vous parle

Du haut de ma canopée

 

On m’a acclimaté

Je ne suis pas d’ici

Une sorte de migrant, un déraciné, quoi

Un auquel on a glissé sur son bien le plus cher

Ses racines

Une terre

Qui n’est pas la terre du pays

La terre native, la terre natale

Celle en qui s’inscrivent nos gènes

Nos mémoires

Nos réseaux

Nos Petites Communications comme vous le savez à présent

Ça bavarde dur là-dessous

C’est ainsi que mon visage de migrant apparaît

Tout soudain

Comme une évidence

On se dit me voyant dans le parc :

« Ce gars n’est pas d’ici »

« C’est vrai, sur la pancarte c’est écrit : Balkans, Turquie »

Quelle tristesse !

 

Encore un qui ne connaîtra l’air et les légendes

Les oiseaux de son coin les insectes les champignons

Les virus locaux les mauvais rhumes les leçons

Parfois les guerres souvent les guerres

C’est vrai aussi les arbres prennent des balles lors des conflits

Ils ne tombent pas au sol comme les gens

Ça leur fait mal dans leur mémoire

Ils digèrent mal les balles

Ça leur donne un goût de rouillé d’oxydé dans la sève

Plus jamais ils n’auront la même foi.

 

Carole Radureau (11/12/2021)

 

Noisetier de Byzance corylus colurna L., parc de la Tête d’or à Lyon

 

11. Mon habit devinette

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Publié le 11 Décembre 2021

Emerveillée par l’histoire et les photos de Katia*, chez qui je suis arrivée en suivant le regard d’Alma, je me dis que ces oiseaux, cette année, ils nous en ont fait vivre, encore une fois, des histoires !

Et derechef je confie en commentaire que pour l’an prochain, je vais m’en commander un de coucou gris.

Parce que c’est ainsi.

Chaque année je me commande deux oiseaux nouveaux à observer dans mon jardin.

On a déjà la presque totalité du panel de faisabilité dans notre territoire mais nous ne sommes jamais à l’abri d’une surprise.

Cette année, j’ai fait chou blanc : ni sittelle torchepot, ni linotte mélodieuse.

Par contre mon fils a vu une sittelle dans le petit bois de notre promenade campagnarde. Il a également ramassé dans le même espace deux plumes de pic épeiche.

Qu’à cela ne tienne j’ai pu voir d’autres oiseaux nouveaux dont, hélas, je n’ai pas eu le temps de figer la trace avec mon appareil photo.

En dehors de l’épervier.

Ça, elle, je ne l’ai pas ratée.

Et elle est revenue, mais par contre c’est elle qui a raté son coup, grâce à la barrière des roses anciennes. Ca fonctionne bien cette astuce de protéger les mangeoires dans les rosiers grimpants.

Sinon, j’ai pu observer deux oiseaux nouveaux : un pic vert, très fugitivement, il s’était perdu certainement et une fauvette des jardins qui est venue deux jours de suite.

Il me reste à trouver mon second oiseau-vœu pour 2022, je vais être moins ambitieuse que cette année, je vais dire : mésange nonnette.

Voilà, coucou gris et mésange nonnette.

Préparez-vous, compagnons, la soupe est bonne à la maison, passez-vous le mot.

Et si vous venez, restez assez longtemps que j’ai le temps de vous flasher parce que pour partager avec les @migo@s c’est mieux !!

caro

* Une fois arrivés chez Katia : pour connaître la suite tu vas tout en bas des commentaires et clic sur "second temps"

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Oiseaux muses

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Publié le 10 Décembre 2021

10. Résonance

L'île de Yakushima, située au sud du Japon et presque entièrement enforestée, classée parc national, zone Ramsar et réserve de biosphère est caractérisée par des forêts à haut degré de naturalité.Par Grendelkhan — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=69763675

 

……..le langage des arbres…..

 

Vois-tu, on peut se reconnecter

Unir nos racines-mères

Les entremêler comme des chaînes de transmission

Vois-tu, on peut résonner toi et moi

Se soutenir entretenir sa foi en la vie

Se serrer les coudes

Se stimuler

Non, je ne serais pas ton arbre-thérapie

Mais ton arbre-sagesse

Ton arbre de reconnexion

Celui avec lequel tu ressentiras des vibrations

Il faut se sentir humble

Se sentir fort malgré la faiblesse

Ne pas se troubler face à l’adversité

Puisant en la terre la matière-grise de l’être

De l’être-arbre, de l’être-humain, de l’être-pierre, de l’être-oiseau, de l’être-rivière

De tout ce qui vit

 

Moi, j’ai de la chance

On sait que j’ai une stabilité

Que je connais très bien les fondations

Triturant de mes veinules chaque recoin de cette plateforme-même

Moi, j’aime partager mon onde, ma puissance

Ma fragilité aussi

Mon évidence

Certains enlacent nos troncs pour communier avec nous

Et nous nous en sentons bien

Ça chatouille un peu

Ça transporte un peu

Ça nous parle à nous autres, arbres

Mais vous ce que vous ressentez

Est-ce aussi un chatouillement

Un transport

Une pensée ?

 

J’aimerais le savoir

Pour l’écrire dans mon parchemin sacré

Là, à l’encre de sève

Avec des mots de terre, de pierre et d’aurore.

 

Carole Radureau (10/12/2021)

 

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Publié le 9 Décembre 2021

 

Ils ne veulent pas que tu puisses voir la

beauté

Ils ne veulent pas que tu saches que la

paix existe

Ils ne veulent pas que tu comptes sur le

regard

Ils ne veulent pas que ton regard se détourne

pour capter le

regard sauvage

Ils ne veulent pas que tu crois qu’autre chose

existe

Ils ne veulent pas te laisser

rêver

Ils ne veulent pas que tu sois en

paix

Ils ne veulent pas que tu te promènes

libre

Ils ne veulent pas que tu conserves ton regard d’

enfant

Ils ne veulent pas que tu sois

confiant

Ils ne veulent pas que tu remettes en question leurs

lois

Leurs

ordres

Leurs

leçons

Leurs

chansons cochonnes

Ils ne veulent pas que tu puisses sans un  mot te

reconnecter

Ils ne veulent pas que tu puisses tout à coup sortir du

rang

Ils ne veulent pas que ton sang leur échappe

Ils ne veulent pas que ta pensée leur échappe

Ils ne veulent pas que ta voix leur échappe

Ils ne veulent pas que ton vote leur échappe

Ils ne veulent pas que tu puisses sans cesse et toujours t’

émerveiller.

 

Carole Radureau (09/12/2021)

 

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Chemin de vie

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Publié le 9 Décembre 2021

……le langage des arbres…

…..l’écho du poète….

 

(…) Plus loin, chaque arbre s’est séparé de ses semblables……Ils se dressent sur le tapis de la forêt secrète, et chaque feuillage, linéaire, frisé, branchu, lancéolé, a un style différent, comme coupé par des ciseaux aux mouvements infinis…(…)

Pablo Neruda, La forêt chilienne in J’avoue que j’ai vécu

 

Je ne me suis pas égaré

Tout doucement, j’ai suivi

Le paramètre de l’ombre

La trace subtile de la fougère

La géométrie sacrée de la pierre.

 

La mousse m’a tout appris

Le lichen est mon fils

A travers lui se tissent les fils de la trame forestière.

Il n’y a pas de mystère.

 

Il n’y pas de mystère.

Si ce n’est celui des chuchoteurs de la nuit

Si ce n’est celui des chatouilleurs sous les bras

Si ce n’est celui qui raconte des légendes

Tout bas

Dans la canopée

Et ça fait un petit chuuutttt que personne ne reconnaît

Ou plutôt que chaque créature du bois reconnaît.

 

C’est vrai qu’il y a de la magie :

Regardez-nous !

Ne sommes-nous pas, nous,

Composantes de ce bois

Des créatures célestes

Prêtes à foncer dans la canopée du ciel

Enfourchant la licorne de l’inconnu ?

 

Il y a en quelque sorte

Un tissu fin et grossier, une trame particulière

Qui écrit pour les initiés

Un conte dans lequel s’inscrit en grosses lettres

La liberté

Quelle belle liberté que celle de découvrir le cheminement

D’une horde de gendarmes sur le tronc d’un boulot

Ou le travail du bousier ce grand nettoyeur des sous-bois ?

La fougère notre mère n’oublie jamais de répandre en ses spores

L’onde efficace qui encense les esprits

Se glisse en catimini dans l’âme du promeneur

Qui est comme une résine collée à nos propres basques

Avec sa magie sa chimie sa témérité sa fugacité sa vérité

La fougère est notre pionnière

Et la mousse notre pinsonne primaire et amoureuse

Le lichen est notre fil conducteur

L’humus notre terreau premier

Dans lequel se livrent aux orgies

Tous les organismes vivants !

 

Ah ! quelle belle histoire que la nôtre !

Pourquoi y voient-ils tant de légendes

Pourquoi les faisons-nous tant rêver

S’il n’y avait pas en tout ceci

Une part de vérité ?

Carole Radureau (09/12/2021)

 

 

Forêt d'Huelgoat, 2017

Forêt d'Huelgoat, 2017

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Publié le 8 Décembre 2021

Par Nico&Co — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=12024664

Par Nico&Co — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=12024664

….le langage des arbres…..

 

Je me suis pris pour un pigeon

Une blanche colombe en son âme

Prisonnière

Ou peut-être était-ce la colombe

Qui m’y avait déposé ?

 

J’étais possédé par le désir de croître

Normal direz-vous

Simplement ici dans le pigeonnier

Manquait-il la lumière

Cette lumière vitale a toute plante ?

 

Que non !

La nature avait repris ses droits

Et sur le toit

Ouvert une tranchée

Une voûte aux étoiles, oui

Un petit paradis rond et soyeux

Dans lequel fixer tous mes vœux

Me laissant guider par dame nature.

 

Voilà que j’ai tout rempli

Pour le coup, terminée la maison des pigeons

Ici c’est la maison du chêne

Me voici qui tourne en rond mes branchages

Qui modèle mes feuilles comme il faut

Comme sur un tour

Je suis le chêne-potier

Celui qui s’est lui-même tourné comme le plus beau

Des pichets à eau

Comme pour vouloir abreuver le ciel.

 

Et voici que ma chevelure dépasse

Ha ! on pourrait dire que j’ai besoin du coiffeur !

Je domine à présent l’horizon

Après avoir si longtemps

Tourné en rond :

Admirez-là ma victoire

C’est une victoire sur la vie

Sur le défi relevé

Sur la soif d’être.

 

Je me sens bien

Comme engoncé

Dans ce grand col roulé

Ça me tient chaud

Me protège

C’est mon chez-moi

Mon petit pigeonnier à moi

Il n’empêche que rien n’empêche pigeons et colombes

De venir roucouler sur mon âme tendre).

 

Carole Radureau (08/12/2021)

 

Chêne de Pouzay dans les Deux-Sèvres

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Publié le 7 Décembre 2021

……le langage des arbres…..

 

On m’a laissé le temps

Le temps de grandir

Il en aura fallu des années

Pour atteindre 37 mètres 50

Il en aura fallu des jours

Pour ériger mon pourtour

Fabriquer de la bonne matière

Dans laquelle on peut prélever directement

Sur pied

Des planches entières.

 

Mes frères les indiens de moi, savent tout faire

Nous sommes considérés comme arbres sacrés

Sans nous finis les canoës

Les totems

Les bancs sculptés et ornés

Tout un mode de vie

Sans nous le monde autochtone de la côte Pacifique nord-ouest

Aurait une autre allure

C’est un peu comme si nous entrions dans les communautés.

 

Moi on m’a laissé sur pied

Un grand pied

D’une pointure introuvable

J’en arrive à envoyer, tels des ponts

Mes racines aériennes

Que n’inventerai-je pas pour que l’on m’admire

Je suis le doyen, le très ancêtre

Qui ne sait plus qu’elle année l’a vu naître :

Oh ! C’est si loin, si loin

J’en ai vu passer des histoires et des ères

Des révolutions des guerres des belles paroles en l’air

Puis maintenant le risque encouru par la forêt

Mais des gens sont là

A veiller sur nos tours de taille

Certains promeneurs posent la main sur nos troncs

Comme pour y puiser un pouls,

Une énergie

Ne l’avez-vous jamais fait ?

Il y a un cœur qui bat dans nos artères de bois

Tout n’est pas figé

On peut se laisser connecter à l’humain

Il faut pour cela qu’il soit bien droit

Droit comme un cèdre.

Rouge comme un cèdre.

Fidèle comme un cèdre.

Aimable comme un cèdre.

 

Carole Radureau (07/12/2021)

 

Cèdre rouge (thuya plicata)  dit Kalaloch redcedar dans le Parc National Olympique, état de Washington EU

 

Par rachel_thecat — The Kalaloch Cedar, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=31880201

Par rachel_thecat — The Kalaloch Cedar, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=31880201

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Publié le 6 Décembre 2021

…..le langage des arbres….

 

 

Je suis celui qui se les frise

Roulées sous les aisselles

Comme on aime bien le dire

Je m’inspire parfois de célèbres moustachus

C’est pour varier

La saison se veut parfois à l’humour.

 

Je suis de la plus vieille espèce

C’est moi le plus vieux poirier

Si vous croyez que je vais l’offrir

Ma vieille poire

Hé bé : vous vous trompez.

 

Je suis d’ici au pays des Ch’tis

Imaginez que j’ai l’accent

Bien à l’abri dans cette abbaye

Où la règle c’est le dénuement

Il n’empêche qu’ils nous ont plantés

Mes frères et moi

Les poiriers

Qui dessinent des moustaches sur les devantures

Ah ! si vous voyiez mon allure

On ne dirait pas que je suis né en 1756

Se dire que des moines, des cisterciens

Choisirent une variété de poires au doux nom

De Cuisse-Madame

Ça laisse rêveur !

 

Moi je rêve d’autres demeures

J’aimerais voyager voir le monde

Gravir la cordillère des Andes

Plonger ma racine dans le lac Titicaca

Admirer les Mains Croisées de Kotosh

Admirer si possible le vol du condor.

 

Mais ceci est une autre histoire

La poire et moi vous en souhaitons une bonne

Avec sa paire de moustaches

Pour se les friser

Sous les aisselles.

 

Carole Radureau (06/12/2021)

 

Vieux poirier de l’abbaye de Valloires planté en 1756

 

Par Tangopaso — Travail personnel, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=7866180

Par Tangopaso — Travail personnel, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=7866180

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Publié le 5 Décembre 2021

……Le langage des arbres….

 

Je me suis tortillé

Tout ce que j’ai pu

Pour voir sur la toile

Le rouge de ma demeure :

Il n’y pas de passion sans feu.

 

Je suis telle une coiffure de Méduse

Bien échevelé

Je ne connais, depuis ma naissance (mon éclosion)

Ni brosse ni peigne

Elle est nature ma coiffure et mes mèches

Volent au vent de la renaissance.

 

J’avais envie de passer à la postérité

Qu’on me croque sur la toile

Que l’on n’oublie de le faire avec les grandes dents de la mer dévoreuse

Que l’on me fête

Que l’on m’admire

Que l’on ait envie de danser autour de mon tronc

Rouge

Comme le sang de la forêt qui a trop coulé

Qui coule de nos jours

Encore plus frais

Encore plus vrai

Même que nos cris restent sourds

Que les promeneurs ne savent pas

Qu’ils marchent sur des ruisseaux de sangs

De sangs mêlés entremêlés si bien mêlés

Que ça les sauve malgré eux

Leurs veines s’associent sous cette terre-mère aimée

(Notre mère il ne faut pas l’oublier)

Ils se mêlent pour renouveler la vie

La vie de la forêt

La vie des songes dans les yeux des lucioles

Que l’oiseau ne perde jamais, non, jamais

La branche qui le protège

Le feuillage qui le cache

La canopée qui lui permet de voir au-delà :

Ça les arbres, c’est à nous de le fournir

Personne, non, personne

Ne nous enlèvera cette joie

Cette tâche noble

Cette utile occupation.

 

Alors, fêtez-nous en nous admirant sur le papier

Dans les musées

Quand, sur pieds

Nous ne sommes bientôt plus.

 

Je veux rougir le mur de ma pensée critique

Je veux vous envoyer mes paroles sous ma toison débraillée :

Qu’elle rugisse ma voix rouge !

Qu’ils flambent mes mots !

Je serais celui par qui le scandale poétique arrive

Car je crierais de gros mots de marchande de poissons

Comme pour la vendre chère la morue de ma forêt défunte.

 

Carole Radureau (05/12/2021)

 

L’arbre rouge de Piet Mondrian, 1908/1910

Par Piet Mondrian — Source inconnue, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=37629457

Par Piet Mondrian — Source inconnue, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=37629457

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