Publié le 22 Décembre 2021

Par Nemausquale — Travail personnel, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=12076353

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......le langage des arbres....

 

Tout l’espace je veux occuper :

Vœu.

J’ai de longs bras

Des doigts crochus

De terribles extensions

Voulant en leurs rêves les plus fous

Flirter avec les étoiles.

 

Je veux tout prendre

Sur terre comme sous terre

Tisser mon réseau

Absorber la lumière du soleil

Le fruit du vent

La veine tiède de la pluie

La minéralité prospère

Le terreau subtil le limon

Timide

L’alchimie célèbre

Pour croître croître croître

On pourrait dire que je suis un conquérant :

Même pas !

J’aime à m’étendre dans un espace

Y prendre mes aises

Je suis décomplexé dites-vous ?

Certainement.

Ce n’est pas pour rien que je suis né platane

On m’a signifié à ma naissance le don de gigantisme

J’ai suivi de moi-même

Doucement

La feuille de route.

 

Pourquoi ne pas admirer sans juger l’entrecroisé de mes bras ?

Pourquoi ne pas entendre le rythme dans la chanson de mes phalanges ?

Il y a un petit air de naja qui sortirait de son panier

Comme la pomme offerte dans le conte

Serpent et pomme comme pour imiter la croyance

Mais ici c’est une évidence

La vie part de la graine

C’est là, véritable alchimie.

 

De tout il faut un peu pour croître comme moi, Gulliver des platanes

Mais non vorace, attention !!

Si je suis un géant je ne suis pas méchant

J’aime me laisser chahuter par les oiseaux

Qui viennent ajouter le son à la danse de mes bras

Si l’abeille veut y installer son nid

Elle est la bienvenue

Je suis l’arbre accueillant

Pas étonnant avec autant de bras

De bras pour les embrassades

De bras pour brasser

Nager dans la tendresse des retrouvailles

Embrasser surtout, oui, embrasser

Le ciel qui a respecté mon vœu.

 

Carole Radureau (22/12/2021)

 

Platane géant de Lamanon

 

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Publié le 21 Décembre 2021

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:%22El_Gran_Abuelo%22._Alerce_Milenario_de_3.500_a%C3%B1os_aprox.jpg

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......le langage des arbres......

 

Je suis un lahuen en mapuzungun

Un arbre nommé alerce une sorte de cyprès

On m’appelle aussi El gran abuelo

Le grand-père ou l’aïeul, c’est vrai je suis un ancêtre :

3500 ans, ça commence à compter !!

 

Comme je suis bien ici dans la forêt valdivienne

C’est un univers à part un univers humide

Ici la fougère est reine et tout un tas d’autres plantes

Qui aiment, oui, qui aiment

Beaucoup

L’humidité

 

Ici il y a une colonie d’alerces

Ma famille à moi

Mes frères qui me regardent comme un exemple

Comme un grand sage

Ce que je suis quelque part

Je n’en ai plus conscience.

 

Quand le martèlement des pics de Magellan s’entend

Dans le sous-bois, ce son

Rebondit sur nos vieux troncs

Comme sur un cajón et nous aimerions danser

Si notre pied était mobile

Nous danserions

Lourdement

Gauchement

Maladroitement

On se marcherait sur les pieds

On dirait : « Excusez-moi, très cher , je

Suis un débutant »

Et le pic martelant aux rythmes africains

(c’est un pic internationaliste)

Je serais, en plus de ma sagesse légendaire

Devenu le roi du festejo

Le roi de la cueca chilena

Le roi des jeux de mots.

 

Je m’invente une vie

Qu’à cela ne tienne la mienne

Est belle

Je ne suis pas sensé être celui qu’on abat

Considérant mon très grand âge

Je ne suis donc pas susceptible

Pour le moment

De finir en planches.

 

Des planches pour tambouriner !!

Oh ! Sors du bois mon frère pic de Magellan

Que s’entendent partout autour de nous

Sur ce que furent nos vies

Des rythmes chauds endiablés et joyeux

Pour illuminer nos « feux »

Ce qu’un jour nous fûmes.

 

Carole Radureau (21/12/2021)

 

Alerce el gran abuelo, parc Alerce Costero, Los Rios Chili

 

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Publié le 20 Décembre 2021

Par Martin Greslou — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=27465219

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.......le langage des arbres....

 

 

A travers ton feuillage, filtre

Une certaine lumière

 

Une lumière certaine, comme un  air

De confiance

Comme une douce évidence

Qui va des cieux au cœur

Sans passer

Par la peur

 

Ne laisse-pas s’insinuer entre nos âmes

Et nos espérances

La vilaine dureté de la peur

Au quotidien mauvais au lendemain pétri

 

Je ne veux pas que l’onde négative atteigne

Des

Sommets

 

Ni ton sommet joyeux, artistique

Sincère

Se servant de ton doux feuillage comme

D’une presse

Pour éponger les misères

 

Je ne veux pas que la nuée atteigne

La perfection des miasmes

 

Que la personne tremble sans pour autant mimer

Le tremble

Que la personne dépeuple sans pour autant mimer

Le peuplier

 

J’espère en la santé de l’attente

En la qualité précieuse de l’éviction

J’espère en la vérité de la prudence

 

Je veux qu’en ta qualité d’arbre-artiste

Ta canopée

Soit un ciel de lit joyeux.

 

Carole Radureau (20/12/2021)

 

Cèdre de Jussieu

 

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Publié le 19 Décembre 2021

Par Paul-Élie Ranson — http://www.the-athenaeum.org/art/full.php?ID=14345, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=7059968

Par Paul-Élie Ranson — http://www.the-athenaeum.org/art/full.php?ID=14345, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=7059968

........le langage des arbres.....

 

 

Trois frères nous sommes

Trois êtres portant le nom de hêtres

Etre à n’en plus finir

 

Etre ou ne pas hêtre en forme

Hêtre au pied desquels semble

Dormir

Une créature de la forêt

Magique    magicienne   porteuse de légende

Là sous son chapeau de mousse verte

Avec ses bottes de racines

Sa tenue de mousse verte

Et deux semblants de lichens

Dans les rêves

 

C’est une illusion ?

Qui peut savoir ?

Le peintre est devenu poussière

Sa magie pourtant opère

Il en sort une belle lumière

Pour éclairer nos yeux

 

La fougère   petite    prospère

Prend des couleurs de palette

Comme pour entrer de plein pied

Dans les rêves éveillés

 

Il y a un soleil qui fuit

Tel une anguille entre nos rangs serrés

Un bleu venu de l’outremer

Virant au mauve de la narration

S’enfilant sur la chlorophylle dominante

Le bleu vient

Ecarquiller ses yeux

Comme un invité

 

La beauté est dans sa tenue de simplicité

Et l’on est surpris

De ne point y voir de nymphes

 

Le peintre a l’habitude de mêler les corps nus

A nos frères arbres

A nos sœurs fougères

Dans une beauté toute naturelle

Mimant le fameux eden

 

Nous les hêtres préférons avoir une petite chaussette

Moussue

A nos pieds

Voire des mi-bas

Pourquoi pas des collants

Car l’humidité épuise parfois

Le soleil n’est pas toujours au zénith de nos vies

 

Hêtre ou ne pas être vivants selon la définition

La question ne se pose plus

Nous vivons et voulons que cela se sache

Nous ne sommes pas faits de bois

Oups !

Si seulement nous pouvions parfois

Dans une blague

Déguiser nos troncs découpables à merci

En jambes d’acier

Rien que pour voir leurs mines

La mine de la tronçonneuse

Ça les ralentirait peut-être

Ça les ralentirait ?

 

Carole Radureau (19/12/2021)

 

 

Trois hêtres /Paul Ranson 1905

 

 

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Publié le 18 Décembre 2021

18. Excusez-moi

......le langage des arbres...

 

« Quand la violence eut renouvelé le

Lit des hommes sur la terre,

Un très vieil arbre, à sec de feuilles

Reprit le fil de ses maximes...

Et un autre arbre de haut rang montait

Déjà des grandes Indes souterraines,

Avec sa feuille magnétique et son

Chargement de fruits nouveaux. »

Saint-John Perse (Vents)

 

Excusez-moi si je me reconstruis

J’ai décidé de muer

C’est très pratique cette histoire

Une porte s’ouvre vers un autre monde

 

Changer de peau

Changer sa peau

C’est un peu une renaissance

C’est un peu se laver des poussières du monde

Aussi du sang qui tâche nos écorces

Malgré nous

 

Quand l’air est vicié

Il y a comme dans celui-ci des miasmes

Qui se déposent et nous, arbres

En sommes les témoins

Nous sommes spectateurs passifs d’un théâtre

Folie humaine, folie collective

Que nous ne jugeons pas, non

Que nous ne jugeons pas

En avons-nous la possibilité d’ailleurs ?

En pleine conscience

En lâchant prise

Nous voyons se dérouler sous nos yeux

Une carte du monde

Dont, nous seuls, arbres

Connaissons la réponse

Connaissons la substance

C’est à vrai dire très simple

Pourquoi chercher le compliqué

Il y a tout un déroulé

Qui se répète au fil des siècles

Qui a déjà démontré ses preuves

Suffit de le reprendre

 

Rien ne change, non

Rien ne change

 

Nous observons

Prenons les coups

Nous sentons parfois tristes

Subissons les assauts répétés

Subissons le manque de respect

La discrimination

En nous taisant en nous taisant

 

Mais ceci laisse des traces

Traces de ruptures de confusion de scission

Jamais ne demandent pardon ceux qui détruisent

Jamais ne se sentent coupables ceux qui pillent

Jamais ne doutent de leurs actions ceux qui disséminent la haine

 

Tant d’inconscience

 

Muons frères arbres

Changeons de peau pour refaire face à d’autres décennies

Armons-nous de patience

Nous disant que nous avons sans doute la chance

D’être encore debout

De pouvoir écrire

De poétiser.

 

Carole Radureau (18/12/2021)

 

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Publié le 17 Décembre 2021

Par LBM1948 — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=90207742

Par LBM1948 — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=90207742

...……le langage des arbres……

 

 

J’ai la peau dure

Ou plutôt l’écorce

On peut de moi citer des légendes

J’entre dans les huttes à sudation

Dans les prières dans les fumées

Je suis symbole de chasteté

Ma baie étant protégée par des feuilles

Imprenable, la vertu, imprenable

 

Selon Pline l’ancien mon bois ne peut dépérir

Il n’en fallait pas moins pour me taxer d’éternel

C’est vrai regardez comme je me tords

Me contorsionne

Plié sous le poids des ans

Tordu sous la tâche et la vérité

 

Médée aida Jason à s’emparer de la Toison d’or

Grâce à une potion issue de mon ancêtre

Nous entrions à grands pas dans les lettres

Par là-même dans l’éternité

 

Parfois des rapaces sur moi se posent

Oh ! je ne sers que de support

Ce qui compte pour eux c’est la vue

Une vue plongeante comme dans un décolleté

Là où règnent le permis et l’interdit

 

Là-dessous s’écoule le temps

Comme une rivière d’argent qui puise dans une source de calcaire

Un petit verre de minéralité

La force vient de là

Mes racines s’inscrivent dans cette force

Elles plongent au milieu de la minéralité

S’unissant à l’eau fraîche

L’aidant à parcourir les ravins

La guidant vers la sortie du tunnel

Vers la grande bouche de vivacité

Moi genévrier j’entends de toutes mes forces

Porter et maintenir ces lieux

Je suis le détenteur de la pierre

Le fils généreux qui amalgame les terres

Je suis celui qui retranscrit sa puissance dans l’écorce

Dans le fruit le feuillage et l’aura

Savoir utiliser ma chair c’est savoir se guérir

Pourquoi pas acquérir aussi

Une sorte d’éternité ?

 

Carole Radureau (17/12/2021)

 

Juniperus osteosperma

 

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Publié le 16 Décembre 2021

16. Une ombre dans les estives cantaliennes

…..le langage des arbres…..

 

Le paysage de la solitude

De la grande paix

Là où l’on se sent au-delà du monde

Dans la grande paix

 

Pas de bruit

Pas de furie

Pas de pollution

Ni d’ennui

Juste le paysage en continu

Moutonnant avec ses petits points chocolat ruminant

La grande fleur royale a glissé ses yeux dans le domaine

A une certaine saison le jaune domine

Broutant cette manne broutant cette espérance

Les Salers en toute innocence

Procurent à leur lait la sacralité joyeuse

 

Je suis là,

Unique

Essentiel

Je suis l’arbre utile

Qui procure l’essentiel

Le petit buron tout fait de pierre

Est celui qui poussa près de moi

Ou plutôt en dessous de moi

Je suis l’arbre bienvenu

Là-dedans il s’en passe des choses

Bénéfiques et curieuses

Transformant la manne laitière

En grosse  ronde  lourde  tomme

Quel est le secret de cette tradition ?

Quel est son âge ?

Qui l’a inventée ?

Seul dans mon estive je me pose de telles questions

N’allez pas croire que l’arbre soit inculte

 

J’observe parfois au loin dans les pâturages

Des combats de taureaux

Un troupeau de vaches Aubrac paissant dans cet espace

Le taureau un gars pas commode

Surtout très balaise

Avait envie d’aller, à son aise

Compter fleurette aux voisines

Tapant du pied raclant du pied

Je me suis cru au far west

Si le cow-boy sur son cheval appaloosa était arrivé

Chapeau à large bord et lasso

Cela ne m’aurait même pas surpris

 

Je m’évade je m’évade

Sentir les effluves de Cantal me fait rêver à d’autres cieux

Ici c’est le paradis de la tranquillité

Elle est bien lointaine la noblesse des villes

Avec ses tourments son agitation

Sa grande névrose

 

Parfois des gens sympathiques viennent ici

Respirer l’air pur

Méditer au pied du buron

Cueillir quelques gentianes

Pour en faire des bouquets de soleil

Auxquels ne manquent ni le poivre ni le sel

Moi je suis si visible au demeurant

Que je dois figurer sur nombre photos

 

Je suis une vedette voilà tout

 

C’est grâce à moi que le berger

Garde la tête froide

Que le cantal ne tourne pas au vinaigre

Que les vaches sont en paix.

 

Carole Radureau (16/12/2021)

 

Estives cantaliennes au-dessus de Salers en 2014

16. Une ombre dans les estives cantaliennes

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Publié le 15 Décembre 2021

Par Franz Anneser — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=45981711

Par Franz Anneser — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=45981711

…..le langage des arbres…..

 

Déjà dans le Discours d’Aristophane

Du célèbre Banquet de Platon

L’usage de mes fruits était décrit

 

Je suis utile paraît-il

Bien que mal connu, peu connu, peu fêté

Je sais faire de l’ombre aux vignes

J’aide au développement de la truffe

Mon bois est très apprécié, c’est l’un des plus durs de France

Allez ! manches de bêches, manches de pioches, manches de pelles

Pourquoi vous tourner vers l’acier

Quand existe le fameux

Bois de cormier ?

 

Il semblerait aussi que mes fleurs soient très mellifères !

Ah ! Les petites abeilles civilisées ou non

Les petites pollinisatrices qui parcourent les cœurs

De mes fleurs

En pâmoison !

Je ne m’en lasse pas

C’est d’ailleurs le meilleur moment de mon année

Où cette effervescence

Rend

Toute la noblesse

De mon essence :

Je suis, je vis, je crie !

Vive moi, le cormier roi des espaces naturels et vivants !

Goutez mon fruit

Redécouvrez les vieilles recettes

Fabriquez-en une liqueur de conquête

De cette liberté

Qui s’enfuie chaque jour de vos mains

Comme un fluide gras et glissant.

 

Moi, ce que j’en dis

C’est pour vous être aimable

Que vous ayez de moi l’empreinte de la sagesse

Je ne suis pas devin quoique j’ai de l’âge

Mais cela ne me permet pas d’anticiper.

 

Je constate, simplement,

Je constate :

Ça ne va pas fort, c’est vrai

Hauts les cœurs

Et non haut de cœur !

Parce que parfois, c’est bien cela.

 

Carole Radureau (15/12/2021)

 

Cormier, sorbus domestica L.

Par Isidre blanc — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=37558007

Par Isidre blanc — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=37558007

Par Isidre blanc — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=37858643

Par Isidre blanc — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=37858643

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Publié le 14 Décembre 2021

…….le langage des arbres….

 

C’est vrai ce que l’on dit :

J’ai tout vu

Tout ressenti

Sans ne pouvoir rien y faire

Sans crier sans frémir

Sinon au-dedans de moi

 

Voyez : il ne reste que moi

Parmi ces pierres parmi ces

Débris

Parmi ces décombres restées comme telles

Pour que reste vive

La mémoire

 

Voyez comme je semble vif

Vert

Lumineux

Un témoin

Silencieux

 

On m’avait planté ainsi que d’autres arbres

Dans le pays

En 1848

Je symbolisais la liberté

La république 

J'avais 96 ans quand on assassinait ici

Les innocents

Sous le feu allemand

 

Je suis toujours debout

Comme pour narrer l’histoire

Comme un contrefeu

Comme une muraille qui retient l’horreur

Sous le creux de ses bras

J’ai perdu la vie autour de moi

Les rires des enfants

Le chant des coqs

Les aboiements des chiens

Les parlers, les jurons, les palabres

Les engueulades quotidiennes

Les cris de vie d’une bourgade

Maintenant je reçois des visites

De gens tristes et silencieux

Comme moi pour respecter ce deuil éternel

Une aura de tristesse plane autour de moi

Si n’étaient les oiseaux pour illuminer mes yeux

J’en serais très malheureux

Pensant très fort

Pensant très haut

Si c’est ça la liberté !!

Je préférerais autrement symboliser

Le raccourci des nuages.

 

Carole Radureau (14/12/2021)

 

Chêne rouvre d’Oradour-sur-Glane

IMAGE

14. Témoin silencieux

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Publié le 13 Décembre 2021

Par Hermy71 — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=79955811

Par Hermy71 — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=79955811

……le langage des arbres…..

 

De moi, ils disent que je suis l’axe du monde

D’ici ou de là, mes frères

Partout, avec moi

Entretiennent les légendes

On nous appelle ceiba, fromager, kapokier

Que sais-je

C’est de nous dont il s’agit :

L’arbre légendaire

 

Connexion sacrée

L’arbre dans lequel les esclaves étaient pendus

Ou bien se pendaient pour rejoindre plus assurément

L’au-delà

Arbre-lien

 

Celui qui sait celui qui sent celui qui transmet

Celui qui abrite celui qui incite

Celui

Qui domine

Avec sa vaste base en pied d’éléphant

 

Un seul arbre rivalise avec nous :

C’est le baobab

Avec ses racines à l’envers

Sa silhouette incroyable

Nous sommes les arbres auxquels on pense

Quand il s’agit de mettre sur la table

La magie

Nous sommes les arbres auxquels on se réfère

Pour diriger ses vœux

 

Que ne sommes- nous pas si précieux

Que l’on nous préserve

Même pas !

Dans la forêt amazonienne des ceibas

On abat

De très anciens sages avec des racines

Aussi hautes que des corsages de canopée :

Rien à faire

Ça part en flocon de neige comme nos fruits :

Kapokier

 

Les peuples originaires nous vénèrent

Pour eux rien qui ne commence sans la ceiba

L’arbre-monde

L’arbre-illustre

Yaax-che, l’arbre vert des Lacandons

Support du monde

Sa symbolique c’est la fertilité

La fécondité des hommes

Pour eux nous nourrissons et abritons les orphelins

Pour les Tzotiles nous sommes un arbre aux multiples seins

Nourrissant les enfants morts à la naissance

 

Un mythe Lacandon raconte que le monde est soutenu par 4 ceibas :

Un à chaque point cardinal de l’univers

Autrefois, les enfants ne naissaient pas des femmes

Ils naissaient des racines des ceibas

 

Toute la Mésoamérique nous prête ses légendes

Dans le monde nous sommes arbres vénérables

Jamais, jamais nous n’avons pris la grosse-tête

Il y a trop de sagesse en nous

 

Voyez la porte d’entrée de l’au-delà

Là, sous mes pieds

Il y a un monde de mystère qui ne demande

Qu’à être exploré

Tout comme le demandent les légendes

Les mythes

Les histoires qui expliquent les débuts des choses

Des peuples de leurs rites de leurs histoires

L’arbre est toujours connecté à la vie cosmologique

A la vie mythique

A la vie mystérieuse

 

Il est un garant de la pensée humaine

Un grand communicateur

Et parfois certains s’assoient sous sa voilure

Pour y raconter toutes sortes d’histoires

 

Etre enfant c’est se nourrir de ses histoires

Elles construisent l’imaginaire

Rien n’étant jamais sûr à 100% de la vérité scientifique

Pourquoi ne pas se laisser bercer

Juste pour habiller quelque temps, le monde

D’un voile tendre de mystère ?

 

Carole Radureau (13/12/2021)

 

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