Publié le 9 Janvier 2019

Ton nid

Aime ce que la vie te donne
Chéris le fruit de chaque jour
Ne crois pas qu’ailleurs le nid est plus doux
Car ton nid
Construit de ta chaleur
De tes jours
De ton audace
De ton fluide
Est le nid le plus doux qui soit.

Carole Radureau (09/01/2018)

Inspiré par le texte ci-dessous , paroles d'un chef indien gaspésien (Miq'mac) critiquant un groupe de capitaines français qui avaient une haute opinion de la civilisation française.

"Vous reprochez fort mal, à propos à notre pays, d'être un petit enfer sur terre en contraste avec la France que vous comparez à un paradis terrestre, parce qu’il vous donne - dites-vous - toutes sortes de provisions en abondance. Vous dites de nous que nous sommes les plus misérables et les plus malheureux de tous les hommes, vivant sans religion, sans éducation, sans honneur, sans ordre social et en un mot sans aucune loi, comme les bêtes de nos bois et forêts ; manquant de pain, de vin et de milliers d’autres avantages dont vous regorgez en Europe. Ecoutez, frères, si vous ne connaissez pas déjà les véritables sentiments que nos Indiens ont pour votre pays et pour toute votre nation, il est bon que je vous en informe sans tarder.
Croyez bien qu’aussi misérables que nous paraissions à vos yeux, nous nous regardons néanmoins comme plus heureux que vous, en ceci que nous nous contentons du peu que nous avons... Vous serez profondément déçus si vous pensez nous persuader que votre pays est meilleur que le nôtre. Pourtant si la France est, comme vous le dites, un petit paradis terrestre, est-il sensé de le quitter ? Et pourquoi abandonner femmes, enfants, parents et amis ? Pourquoi risquer vos vies et vos biens chaque année ? Et pourquoi vous aventurer et prendre de tels risques quelle que soit la saison, affronter les orages et les tempêtes de la mer pour venir dans un pays étranger et barbare que vous considérez comme le pauvre et le malheureux de la Terre ?

D’autant que nous sommes convaincus du contraire et ne prenons pas la peine d’aller en France, parce que nous craignons à juste titre de ne trouver là-bas que peu de satisfactions puisque nous voyons ceux qui y sont nés la quitter chaque année pour venir s’enrichir sur nos rivages. Nous vous croyons, en outre, incomparablement plus pauvres que nous malgré vos apparences de maîtres et de Grands Capitaines. Vous n’êtes que de simples journaliers, valets, servants et esclaves se faisant une fête de nos vieux chiffons et misérables vêtements de peaux qui ne nous servent plus, et vous venez chercher ici, en pêchant la morue, de quoi vous consoler de la misère et de la pauvreté qui vous accablent. Alors que nous, nous trouvons toutes nos richesses et toutes nos commodités chez nous, sans peine, sans exposer nos vies aux dangers que vous affrontez constamment au cours de vos longs voyages. Et c’est avec un sentiment de compassion pour vous que, dans la douceur de notre repos, nous admirons la peine que vous vous donnez, nuit et jour, à remplir vos navires.

Nous voyons aussi que tout votre peuple ne vit que sur la morue que vous pêchez chez nous. Toujours et rien que de la morue, morue au matin, morue à midi et morue le soir, encore de la morue, jusqu’à ce que les choses en viennent à une extrémité telle que, lorsque vous voulez vous offrir un bon morceau, c’est à nos dépens ; et que vous êtes contraints d’avoir recours aux Indiens que vous méprisez tant, et vous leur mendiez le produit d’une chasse pour vous régaler. Maintenant dites-moi un peu, si vous avez un peu de bon sens, lequel des deux est le plus sage et le plus heureux : celui qui travaille sans cesse et n’obtient qu’à grand-peine juste assez pour vivre, ou celui qui se repose confortablement et trouve tout ce dont il a besoin dans les plaisirs de la chasse et de la pêche ?

Il est vrai que nous n’avons pas toujours eu le pain et le vin que votre France produit, mais, en fait, avant l’arrivée des Français dans ces parages, les Gaspésiens ne vivaient-ils pas plus vieux que maintenant ? Et si nous n’avons plus parmi nous de ces vieillards comptant cent trente ou cent quarante années, c’est seulement parce que peu à peu nous adoptons votre manière de vivre ; parce que, comme l’expérience le montre, ceux des nôtres qui vivent le plus longtemps sont ceux qui méprisent votre pain, votre vin, votre eau-de-vie, se contentent de la chair du castor, de l’élan, de l’oiseau et du poisson, et vivent en harmonie avec la coutume de nos ancêtres et de toute la nation gaspésienne. Apprenez maintenant, mes frères, une fois pour toutes, parce que je vous dois la vérité : il n’y a pas d’Indien qui ne se regarde comme infiniment plus heureux et plus puissant que le Français".





Tiré du livre de T.C. Mc Luhan - "Pieds nus sur la terre sacrée". Folio sagesses

Voir les commentaires

Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Collier d'ambre

Repost0

Publié le 5 Janvier 2019

Shina

Je gambaderais dans les grandes prairies du ciel
Libre
A travers le champ de rose des étoiles
Vous voyez
Le souffle de ma conscience est une fleur qui sourit
Aux ardeurs de l’hiver
Le chant de ma résurgence est aussi fort que la chanson de la pluie
Chaque fois qu’elle arrivera à vos oreilles
Mon aboiement-sourire sera en vous comme jamais
Chaque fois que vous verrez l’oiseau au bec jaune mon messager
Je vous serrerais la patte si chaleureusement
Vous en serez émus.

Je serais heureuse dans cet univers où la rencontre des compagnons perdus
Est un jour comme aucun autre
Personne ne le sait mais ici c’est une fiesta sans nom
La paix dessinée sur nos corps a embelli nos âmes
Une douce lumière vient ambrer les souvenirs
Et un voile de tendresse se glisse tel un nuage
Sur la terre qui s’interroge.

Carole Radureau (04/01/2018)

A William et Sandy avec tout mon amour et ma tendresse, à Shina, ma petite Bouberte à qui je pense fort dans son voyage vers la grande prairie.

Voir les commentaires

Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Cornaline

Repost0

Publié le 1 Janvier 2019

La marche des éléphants

Nous marcherons
Quoi qu’il arrive
Nous marcherons
Quoi qu’il en soit
Et sur nos pas le passé
Ne sera transmis que par le devoir de mémoire.

C’est en avant que nous allons, non,
Ne jamais reculer !
Et quoi qu’il en soit : Hacia adelante !
La marche est un exercice authentique.

Nous marcherons
La mère en tête
Nous cheminerons
La tête haute
Et fières et fiers
Quoi qu’il arrive
Nous ne regarderons pas nos pieds.

C’est sur cette trajectoire
Une dynamique lancée depuis des siècles
Au-dessus des ornières
Au-delà des affronts
Par-dessus les offenses
Bien plus forts que le vent mauvais.
Nous marcherons.

Nous marcherons
Pour dire et pour crier
Notre liberté :
Mais, elle n’a pas de prix !
Vous pensiez l’avoir prise
Mais regardez un peu comme nous
Marchons !

Pas après pas
Sans se lasser
Pas après pas
Sans hésiter
Pont après pont
Crue après crue
Dent après dent
Feu après feu
La force est en nous
Cahin-
Caha
Trompe en avant
Nos souvenirs
Nos soupirs
Nos désirs
Nos flambeaux
Notre histoire
Notre espèce
Rien ne pourra nous faire peur
Car ……
nous marchons.

Carole Radureau (01/01/2018)

Que cette marche au cours de l'année 2019 soit belle, vigoureuse et fière, qu'elle soit forte et présente, bien ancrée dans le sol de cette terre qui nous nourrit.

En l'honneur de l'année de Fritz dont l'histoire a été racontée et dessinée par Isy Ochoa, je vous offre cette poésie marcheuse, parce que les hommes comme les éléphants marchent sur des chemins parfois de souffrance mais aussi de dignité.

Très belle année à vous tous.

Caro

Voir les commentaires

Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Les pierres sur le chemin

Repost0