Plume de cygnon trempée dans l’encre de lentilles vertes
Publié le 12 Octobre 2024
Tant de choses seraient à dire
Hormis le contexte des oiseaux
Tant de mots, de paroles qui restent boqués
Dans le cœur, le ventre et l’âme
Comme inertes, cois, tranquillisés en apparence
Inadéquats ou inconstants
Bref ils sont dans l’incapacité de s’exprimer
L’ambiance est à couper la chique à tous les poètes telluriques
Ni la pierre, ni la rose, ni la fougère
Semblent les inspirer
Il n’y a que l’oiseau qui a pour lui
Ciel, ailes et liberté
Qui vient, l’oiseau, offrir son flanc aux vers
Tant de choses contenues qui ne sortiront sans doute pas
Comme si la colère n’existait plus
Que leurs abus nous avaient coupé la chique
Comme si nous étions traumatisés
Peut-être est-ce le cas
Sinon la peur de la censure mais ça, la poésie s’en moque
Car lorsqu’elle est en forme et qu’elle a les mots sur la langue
Elle peut contourner toutes les censures
Peut-être aussi tous les désagréments de la vie
Le virus, les maladies, tant de perturbations qui s’en viennent
Les choses d’une vie qui n’ont pas été réglées
Qui resteront maintenant lettre morte dans leur petite chambre de bonne
C’est vrai, il y a des portes qu’il vaut mieux
Ne plus ouvrir
Il faut laisser la place au moment présent
Les infos ne font que nous projeter
Les politiques ne font que nous projeter
C’est toxique mais ça emporte le chemin de vie vers le vide
Il faut trouver des points pour décompresser
Quand la destruction s’accélère
Quand ses effets délétères sont bien présents dans ce moment présent
Tout est inversé
Le fascisme va galopant dans les sphères politiques
Les personnes qui lui garantissent un bel avenir
Il faut sauver le capital et le fascisme, c’est l’idéal
D’ici jusqu’en Patagonie
De là jusqu’en Alaska le fascisme le fascisme, le fascisme est là
La terre n’a jamais connu cela, une terre gouvernée par des fascistes
Peu de pays relèvent la tête, avec difficulté, les mains souvent, liées
La déforestation fait rage, tout doit être arasé, c’est la consigne
L’Amazonie devient la savane
Les espèces disparaissent
Les feux font avancer les frontières
Ils ne démarrent jamais d’eux-mêmes
Les oppressions s’accélèrent, s’accumulent
Contre les défenseur(e)s qu’ils défendent le territoire, la vie, l’eau, la forêt, les droits humains
C’est la grande course à l’échalote pour les profits
A grand coup de guerres et de corruption, de mafias et de narcotrafic
Vive le fric ma Terre-Mère !
Tu n’en as que cure comme moi, mais c’est ça qui est à la mode
Tant pis pour tes arbres, tes oiseaux, tes fruits, ton eau et tous tes cadeaux
Il faut ralentir, tous accélèrent
Il faut la paix et la décroissance, eux accélèrent
Quand on ouvre la bouche pour dire des mots de Terre Mère, de Paix, de Justice et de Liberté
On est suspecté…..
Il faut parfois
Les mots, faire remonter
Quand c’est le moment, il faut y aller
Vidanger le réservoir de mots
Alors qu’avec cette encre de lentilles vertes
J’aimerais écrire un poème-recette doux et beau
Il verrait le cygnon écouler son temps comme un sable chaud
Qui glisse entre les doigts en crissant cri…cri…cri
Il évoluerait comme une caravelle qui ne part pas coloniser
Qui part pour admirer le monde
Et ne jamais rien ramener, ni poser le pied à terre,
Juste admirer de loin
Il se déplacerait comme un mouchoir de soie patiemment tissée
Une soie tissée si serrée qu’aucune goutte d’eau ne la transpercerait
Sa patte hors de l’eau pour la faire sécher
Ou pour reposer sa turbine
On le verrait se déplacer sans y croire
Sur le lit de lentilles vertes ou aucun sillon ne rêve
Tout se passerait en-dessous du plat de lentilles
Dans l’arrière-cuisine c’est-à-dire à la plonge
Là où personne ne va sauf les intéressés
La mécanique serait bien rôdée
Qui fait glisser le cygnon-mouchoir de soie
Sur son plat de lentilles d’eau
Non pas pour en faire une recette goûteuse
Mais pour en faire une recette-phare de l’ornitho-poésie.
Cygnon, ton teint duveteux, ta couleur pâle
Sont autant de coton et d’opale
Pour exiger du firmament :
Regarde par ici, c’est le moment de grâce
Où la Paix, la Justice, la Terre-Mère ont un véritable espace
Pour déclarer au tout-venant :
La Nature est notre Avènement.
Carole Radureau (12/10/2024)
Inspirée par cette photo de Gianni