Corde sensible
Publié le 7 Février 2024
Par Brücke-Osteuropa — Travail personnel, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=7659309
Vibre, la corde sensible
Quand l’histoire est bien racontée :
Le petit cheval est mort !
Sa tête repose contre son ami
Qui recueille mot à mot son dernier souffle :
« Ami, de mes crins, de ma peau,
De mes boyaux, de mes os
Fabrique le Morin Khuur :
L’archer magique nous emmènera galoper de nouveau
Toi et moi dans la steppe ».
Pleure, pleure, pleure !
27.000 morts.
Gaza, l’abandonnée.
Non, Ziad, ici, pas de corde sensible.
Ici, la masse ne vibre pas.
Insensibilisation ? De morts,
N’y en a-t-il pas assez ?
A partir de quel nombre ?
A partir de combien d’images ?
Les images ? Elles n’existent pas.
Les visages ? Ils n’existent pas.
Les noms ? Ils sont inconnus (probablement
N’en ont-ils pas) :
Sauf quelques corps invisibles
Dans des linceuls, sacs plastique
Emballés face au trou, anonymes
En masse, dans
Le trou.
Seuls quelques-uns, ici (mais ne sont-ils pas des soutiens du Hamas ?)
Glissent sans effort l’archer
De l’empathie et de la compassion
Sur le corps vibrant du Morin Khuur :
Pleurent, pleurent, pleurent !
Crient, crient, crient !
Agissent, agissent, agissent !
…..pour que vibrent les cordes sensibles.
Combien de Morin Khuur
Pour que s’éveillent les consciences ?
Un orchestre, deux, trois,
Cent, mille ?
Nous vibrons peut-être aussi
A géométrie variable
L’histoire, peut-être
Est très mal racontée
Nous avons, peut-être chaussés
Les lunettes de l’inconscience
A défaut de monter sur le cheval
De la liberté au galop
Sur le cheval, le vent glisse avec lui,
Glissent les mots d’amour,
Glissent les paroles belles qui font pleurer
Face à l’injustice, face à l’innommable …..
« ….. »
Je me réfugie dans le bois du pic quand j’ai froid
J’y vais en volant,
J’y vais en me promenant :
Parfois son accès m’est interdit :
Pleure, pleure, pleure !
Ici, c’est mon refuge à moi
Je l’ai choisi (je le partage aussi sur le terrain, que sur le terrain)
Chacun le voit comme il veut.
J’aimerais que chacun ne nous ait un tel refuge
Y aller par le chemin
Y aller par la pensée
Où tu entres dans un lieu merveilleux
Où tout est calme, paix et source de vie
Se reconnecter à son moi profond
Laisser libre cours à sa propre vérité :
Oui, la corde sensible, chacun de nous l’a
Il suffit de la révéler
Afin de pouvoir enfin s’en servir :
Pleure, pleure, pleure, Morin Khuur !
Crie, crie, crie, mon cheval est toujours vivant !
Agit, agit, agit car
Là où s’étale la souffrance,
Là où règne l’injustice,
Là où se déroule l’intolérable :
Vibre, corde !!
Carole Radureau (07/02/2024)