Je suis la vie ?
Publié le 28 Mars 2022
La petite bise qui se lève
Chatouille de sa moustache fine
Le narcisse en défloraison
La lumière qui scintille
Sur la gamelle en inox
Attendant le petit oiseau qui s’abreuve
La pie qui galère avec ses branches
La pie qui bataille avec la corneille
Car les arbres se font rares qui gardent encore
Les branches adéquates
Ni trop comme ceci, ni trop comme cela
Pour construire une plateforme il faut du bon matériau
L’homme partout où il met ses pattes
Détruit un peu du naturel essentiel
A la petite vie.
Les jeunes feuilles du plus beau vert printanier
Viennent habiller les rosiers
Les pucerons sont là :
Ouf !
On a cru devoir attendre et devoir en commander à la Redoute
Les oiseaux sont sauvés
C’est le moment de l’année où ils deviennent
Occasionnellement
Insectivores
Ce n’est pas pour faire genre non, les oiseaux ne trichent pas
C’est pour alimenter les rejetons
Il n’y a pas de mystère m’a confié Carbonero
Les protéines ça fait grandir les mioches
Plus que la petite graine éphémère
C’est ça qu’ils veulent, nos oiseaux
Des insectes, plein de pucerons,
Gardez-les, gardez-les !
Vos pucerons :
Nous arrivons, nous, bataillons de moineaux
Nous, mésanges bleues, charbonnières, huppées, à longue queue
C’est ainsi que tourne le monde
Il tournait bien autrefois
Aujourd’hui c’est la révolution.
Les jeunes feuilles qui s’éclatent
En riant de toutes leurs dents
Sous le soleil
Qui caresse leur croupe tendue.
Et les pucerons qui nichent dans tous les interstices :
Vision d’horreur du jardinier ?
Peut-être.
C’est une question de vision.
Autrefois, ça semblait la catastrophe
Aujourd’hui, changement de vision
La catastrophe c’est la non présence de pucerons
Le drame qui s’écrit :
La vie qui s’altère.
Plus de nourriture (merci les pesticides)
Plus d’eau
Plus d’endroits où nicher (merci les nouveaux bâtiments)
Plus d’arbres hauts
Plus d’arbres non taillés pour y récolter les bonnes branches
Trop de prédateurs
Trop de voitures
Trop de vitres
Trop de pollution
Trop de malbouffe
Trop d’hommes !!!
Je ne suis pas mes pensées
Je suis la vie me dit-il.
Oui, je suis la vie :
Mais Carbonero est la vie
Bibendum est la vie
Mapie est la vie
Georges est la vie
Et l’abeille et le bourdon et le papillon....
Moi, la vie me va si elle va à mes compagnons
Je ne voudrais pas que ma vie contribue à la perte d’autres vies
Si petites soient-elles
Je ne suis pas dupe
Je sais qu’elle y contribue qu’elle y contribua qu’elle y contribuera
Je voudrais compenser
Je voudrais me solidariser
Faire mes gestes essentiels, gestes précieux
Ecrire pour révolutionner les visions
Révolutionner les façons de faire
Il y a des choses à réfléchir
Il y a des vérités non connues
La seule solution pour comprendre le monde
Pour comprendre la vie est simple :
Observer.
Carole Radureau (28/03/2022)