Comme pour rafraîchir
Publié le 29 Mars 2022
Comme pour rafraîchir
Pluie qui s’en vient
Comme pour rafraîchir le temps
Il est arrivé trop fort le printemps
Et les bourgeons protestent
Ce n’est pas une protestation
Pour dire « nous ne sommes jamais contents »
Juste l’ennui de devoir
Accélérer
Accélérer vers quoi
Se disent-ils
Vers un pas de deux de l’été
Raccourcir les mois
Supprimer les secondes
Arriver de suite aux conquêtes
Avant même que d’être partis
Pluie qui s’en vient
Comme pour rafraîchir les idées
Le printemps n’est jamais acquis
Et ce sont les seins dits de glace
Qui déterminent le feu vert
Ce feu vert qui nous dit :
Allez-y, plantez-nous
Nous ne risquons plus rien
Car même en temps de bouleversement
Les seins sont les maîtres
J’ai fait une faute d’orthographe
Me dit le Thoustra le ara
Qui se promène en forêt d’Orient avec
Le compagnon Lancelot *
J’ai écris seins au lieu de saints
La belle affaire
La laitue et le bégonia
Ne m’en tiendrons pas rigueur
C’est que le jardinier a ses repères
Il connaît les lois de la nature
Et l’almanach perpétuel
Sans réciter les runes il prend puis il sème
Son cordeau est un axe éternel.
Comme pour rafraîchir le monde
La pluie
Arase le tout
Elle fait le clin d’œil à l’herbe
Pour qu’elle continue de verdir
Et au pissenlit pour qu’il continue
De tenir son propos de fils du soleil
L’abeille a soif
L’oiseau a soif
Les pucerons doivent pulluler
Sinon ce ne serait plus le printemps
Et le printemps des hommes
Entre guerre et virus
Sera-t-il vert
Sera-t-il lumineux
Sera-t-il riche en promesses de mieux ?
Chacun tient une portion d’un fil de bonheur
Qu’il faut tirer en harmonie et en symbiose
Dans le bon sens.
La pluie elle
Se contentera de rire
En rebondissant
Sur le ventre trop rond d’une gamelle abandonnée.
Carole Radureau (29/03/2022)
- Du livre de Jacques Lacarrière Dans la forêt des songes