Fleur nue
Publié le 27 Février 2022
Serge nous envoie cette galaxie dite de l'aspirateur (c'est pour aspirer les mots et les renvoyer aux étoiles)
Nous ne voulions pas d’une fleur nue
D’une dame Soleil sans rayons
Nous ne voulions pas de l’oiseau
Sans ailes
Ni de la rose
Sans parfum
Nous avions
Déjà
Connu le frisson d’un monde
Un monde à nous offert
Sur le milieu d’un plateau
Un monde idéal beau et parfait
Qui n’attendait
Rien de nous
Si ce n’est le respect
Un petit peu d’attention
Pas de ho ! pas de ha ! pas de Que c’est beau !
Bon , allez on s’casse
Pour aller terminer la fête au bistro
Ou dans un gros bateau pollueur
Ou dans un avion tout autant
Les avions
Déjà
Dessinaient dans le ciel
Des croisillons
Presque parfaits, donnant
L’envie
De planter au cœur du croisement
La flèche du ras le bol
Nous ne voulions pas de la rivière
Sans son eau
De la lune
Sans éclat
Des étoiles à la triste mine, sans leur fard aux joues
Nous ne voulions pas de la banquise
Sans glace
Ni de la forêt sans ses arbres
Quelquefois le chant du pic
Voulait
Tambouriner
Il n’y avait plus rien que nos cœurs
Pour recevoir son humeur
Triste et morose
Pic sans bois
Nous ne voulions pas de la paix
Quand elle était là
Ne sachant pas la préserver
Nous ne voulions pas de la guerre
Pour nous
Car chez les autres, ça dérangeait moins
Nous avions des colères des rancœurs des indignations
Très sélectives
Comprenant le sens où l’on se situait
Politiquement, socialement parlant
Nous ne voulions pas du sang dans les rues
Parce que ça fait désordre
Mais nous voulions la voiture les vacances
Le chauffage central
De quoi se rendre au travail
Nous voulions de quoi vivre dignement
Ça, ils nous avaient appris à le faire
Du moins le croyons-nous
mais à quel prix !
Mais tout ceci reposait sur un tulle
Si fin
Si léger
Si superficiel
Que chaque jour il s’envolait un peu plus emmenant
Avec lui des vagues de tendresse
Claquant dans le petit bec du colibri
Un baiser d’adieu
Comme pour lui signifier : toi, ils t’écouteront
Dis-leur comme cela est fragile
Comme la beauté est éphémère
Comme le manque de respect, pèse
Comme il y a un juste milieu
Dis-leur comme l’eau est pure quand on ne la gaspille pas
Comme la solidarité est pure quand on la met en œuvre
Dis-leur comme l’union fait la force
Comme l’amour est un lit jamais défait
Quand on sait aimer comme il se doit
En donnant plus qu’en ne voulant recevoir
Car aimer cela convient aussi aux choses de la terre
Elles ne sont pas belles en vain
Parfumées, mystérieuses, telluriques, poétiques, semblant éternelles
Toujours là à resplendir chaque cycle comme si cela ne devait cesser
Les choses sont là
Elles ne demandent qu’à être
A puiser dans la conscience la beauté de l’être
La force non de combattre car trop de combats polluent la terre
La force de lâcher prise même si c’est dur
De lâcher prise même si l’on meurt
De ne savoir
Comment faire pour revenir sur ce qui a été corrompu.
Le colibri m’a dit :
Ne gâche pas ton sourire
Dans un soutien-gorge de misère :
Vers la lune, libère
La libellule de ton âme
Comme un songe en culotte de lin bleu.
Il n’y a qu’une étoile des Pléiades
Pour redonner au sens l’énergie nécessaire
Souris : voilà, éclaircis le mystère
De ton âme partie à vau l’eau
Il faut reconstruire réédifier la pyramide de la conscience
Bêtement sombrée comme le château de cartes
Quand tout va mieux on le laisse choir
L’homme est ainsi fait
Eternel recommencement
Donne-moi de ta force colibri par mon cœur saisi dans le vif d’une pose
Donne-moi de ta force Pachamama car je dois te célébrer un peu
Bâtir pour toi une mesa pour y confier mes dons
Que sourie à son tour le catalpa voyant cela
Donne-moi de ta force lune dont je ne vois plus le sourire de lait
Avec les forceps de la même renaissance il me faut revenir à l’état
Il y a trop de souffrances sur cette terre
Pour que la mienne s’y joigne
Comme une larme perdue dans la mer
Il y a trop de souffrances, je veux par-dessus tout éveiller la fleur
De l’espérance.
Carole Radureau (27/02/2022)