Petit loup grand loup vieux loup ou une histoire de la faim

Publié le 7 Novembre 2021

 

Petit loup avait une petite faim

Oh ! Ce n’était rien !

Il ne savait pas l’identifier, petit loup

La faim ça s’apprend

Sur le terrain

Et puis, lui, il savait jouer

Jouer, encore jouer

Avec les frérots : coupe-faim !

 

Grand loup avait une grande faim

Une faim à rassasier enfin

Qu’on ne l’y reprenne plus

Mais quelle fin en partie que d’être responsable

De vies qui ne songent qu’à jouer

Qui ne peuvent pas jouer, boulets

Grand loup avait faim de ne plus avoir

Tant de bouches à nourrir :

Comment faire ?

 

La nature t’a doté d’une mission, grand loup :

La pérennité de l’espèce

Ensuite, tu te débrouilles pour y remplir les ventres.

 

Vieux loup avait une vieille faim

C’était la faim du petit loup qu’il avait trompée en jouant

C’était la faim du grand loup qui l’avait oubliée pris par les responsabilités

Plus, la sienne à vieux loup

Une faim sans doute moins aiguë

L’estomac a pris du plomb dans l’aile au fil des ans

Mais une faim plus aiguë car elle est connectée aux forces

Aux forces qui font tenir de bout

Le vieux bout de carcasse tintinnabulant……

 

Vieux loup était dépendant

Comme petit loup

Parfois il se mettait dans les pattes

Au moment de la distribution

Comme petit loup

On lui jetait les restes

A lui de se débrouiller avec ses dernières dents

Pour y débusquer une pitance

Que son estomac oublie encore la jeunesse

Et les frais à payer.

 

La faim est une fin en soie

Une fin qui ne souffre pas l’attente

Déposée sur son habit de misère

La faim a rongé une à une les forces

Pour que titube l’être de misère

Qui en a souffert plus d’une moitié de vie.

 

La faim est une ennemie de la vie.

Elle ronge tant de forces comme un acide trop tôt sorti de sa boîte.

 

Elle érode

Elle simule

Elle accapare

Elle dissimule

Pour en fin ne laisser que des êtres décharnés

Désespérés

Sans force sans abri sans possibilités

Car la faim sait s’unir dans son terrible dessein

Elle s’unit au froid

Faim et froid même combat

Délimiter le temps dans un espace réduit

A la veilleuse d’une vie :

Ne pas faire de courant d’air, surtout !

La faim et le froid

Espèrent.

 

Carole Radureau (07/11/2021)

 

Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Pas un jour sans poème

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H
La pérennité de l'espèce est impitoyable chez tous les être vivants
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C
C'est vrai, une égalité certaine, que seuls les humbles reconnaissent, enfin, il me semble.
A
Il est terrible, ton poème, on ne peut que songer à ces familles Afghanes obligées de vendre leurs enfants pour nourrir le reste de la famille..<br /> Belle vidéo comme toujours, le hurlement des loups m'angoissent.
Répondre
C
Oui, je parle des hommes aussi à travers ce texte, ce que tu me dis des Afghans, hélas existe chez bien d'autres peuples, c'est une vraie régression de notre humanité, un retour vers le féodalisme, quoique ceux qui sont dans les ténèbres des grands dogmes, n'en sortent jamais du féodalisme.