Le triomphe du grenat
Publié le 4 Novembre 2021
J’ai gagné l’or de plaire
La grande dignité
L’éclaboussure des sens
Le miroir sans son tain
J’ai réussi le pari de l’automne
La merveilleuse transformation
Quand je tronque le grenat au pourpre
Le pourpre de la saison
J’attends mon prix : j’attends !
Que serais-je sans le dénivelé du jour
Sans le décompte des minutes
Sans le jour qui rétrécit ?
Bientôt je serais nu mon grenat
Enfui
Comme autant de pertes pures
De chlorophylle et d’envies
Bientôt je ne chanterais plus
Le chant de gorge de l’hiver
Car je serais enroué
Mon écharpe de soie s’étant envolée
Pour ne plus revenir
Préparez-moi le grog au bon miel des Pyrénées
Avec une pointe d’arquebuse
Une pointe de quinquina
Je veux qu’il rougisse ma gorge
Qu’il rougisse mon sang comme seul, lui,
Sait le faire
N’est-il pas le digne père
Qui saigne aux hommes
Le sang de l’Amazonie ?
Carole Radureau (04/11/2021)