26. Le propos de l’iris
Publié le 26 Janvier 2021
Par Salem Sina — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=32601993
J’ai entendu dans la voix chaude du soir
Juste camouflé par la barbe d’une acanthe
Trop envahissante.
Il devisait sagement
Se prenant pour un barde il contait et contait
Sous son petit arbre à palabres le conte suivant :
L’oiseau-guérisseur
- Je suis venu te chercher, c’est pour te soigner.
- Comment savais-tu que j’étais souffrant ?
- C’est mon petit doigt qui me l’a dit !
- Hé bé, il est trop fort, lui !
- Je ne veux qu’aucun être reste, seul, fermé autour de sa souffrance. Je suis le grand facilitateur, je ne connais rien mais je connais tout. Je suis la parole et la suis où elle va pour la douleur rencontrer, là où elle crèche.
- Comment peux-tu nous guérir, dis, oiseau-guérisseur ? As-tu en ton corps un savoir puissant ?
- Non, je ne suis qu’un oiseau quelconque issu de dame-selva mais qui est doté d’ailes de capacité. Viens avec moi, ton mal sous le bras, je veux te transporter quelque part où tu m’en diras des nouvelles.
- Ici vois-tu c’est le cirque de la selva : ouvre grands tes yeux, ouvre grandes tes oreilles, ouvre grands tes sens et laisse venir à toi la petite chanson pure de l’enfance. Voilà la vraie guérison, la source qui rafraîchit les maux, qui permet de se régénérer et de croire encore à des jours meilleurs.
La selva était telle qu’en elle-même avec sa nature profonde, son grand éblouissement.
Chacun vaquait à ses occupations, du plus petit organisme vivant à la grande et majestueuse harpie volant dans le sous-bois.
Les tapirs grognaient, les singes hurlaient, les aras s’exprimaient et les conures tricotaient.
La vie y était telle qu’elle émanait comme un foulard de connivence.
Chaque spectateur en prenait une seule pincée : source de jouvence.
Emplissant leurs yeux de cette beauté sincère
Emplissant leurs oreilles de cette multitude de sons
Emplissant leurs sens de tant de sensations
Emplissant leurs âmes de cette vérité
Les douleurs étaient encore présentes mais un espoir
Né au plus profond des veines de la terre
Dans le grand cirque de la selva
Serait selvateur
Heu, non : salvateur.
C’était ça le petit cirque de jouvence
L’incroyable source de toute vie
La profonde énergie
Car le mal se développe quand on perd la connexion
Quand les ondes nous oublient
Quelque part
Dans le trou de la souffrance.
L’iris avait bafouillé son petit charabia
Personne dans le jardin n’y avait rien compris
Les roses étaient sereines, se sentaient parfaitement bien
L’acanthe se prenait pour une reine assise sur un trône de mousse douce
Les armoises embaumaient crânement
Les petites plantes vivaces dégoulinaient d’audace
Seul un pinson bien amoché par un virus coutumier
Avait puisé dans le conte de l’iris
Sa vérité :
Celle-ci lui avait cloué son petit bec
Il voulait lui aussi qu’on ne le laisse pas seul avec sa souffrance
Il voulait lui aussi aller au cirque
Profiter de l’effet selvateur.
L’iris, conquit
Compris que cet unique conte qu’il avait transmis
Tel le marabout sous son arbre à pain (l’acanthe)
C’était un remède contre l’exclusion
Un remède d’espoir
Une grande feuille d’harmonie.
Carole Radureau (26/01/2021)
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