La légende de la fougère-mère

Publié le 22 Octobre 2019

La légende de la fougère-mère

 

 

C’est une légende la fougère-mère

Ou bien une vérité

A toi d’en juger au vu et au su

Des semblants et écumes de ton chemin de vie.

 

La fougère un jour voulu devenir mère

Dans ses gènes de chlorophylle et de tendresse

Il y avait comme une petite luciole justifiant

La reproduction.

 

Elle se dit : pourquoi pas ?

Je serai moins seule à peupler le sous-bois

Je pourrais rire, discuter et transmettre

Des rêves de fougère à mes rejetons.

 

Sacrifiant au rituel nécessaire

La fougère qui n’était pas encore mère

Multiplia ses stolons en autant de petits

Tendrement emmaillotés dans la couette chaude

De l’amour.

 

Les petites fougères grandissaient vite

Apprenaient vite

Cherchaient déjà pour elles-mêmes

La lumière d’une clairière

Les frondes précieuses qui font penser

Que nous le sommes pour quelqu’un.

 

Riches de leurs connaissances botaniques

Instruites en faune minuscule

Croisant le fer entre matérialisme et symbolisme

Elles partirent peupler là-bas plus loin

Le sous-bois.

 

La fougère-mère gardait un œil sur la progéniture

La voyait parfois s’amenuiser

Parfois croître

Parfois rire

Parfois pleurer

Elle lui avait donné des outils, une clé et une

Gomme

Un manuel de fougère junior

A elles, les petites de savoir s’en servir

Au besoin.

 

La fougère-mère était devenue un phare

Brillant par intermittence dans la nuit forestière.

 

Elle connaissait tout du discours de la hulotte

Savait parler le Hou- hou du grand-duc

Connaissait le code secret du pic épeiche

Et la lente progression du hanneton.

 

Elle cultivait à présent pour elle-même

La sagesse

La leçon de vie qui est un pont avec la leçon de mort

Elle avait appris que mourir avant de mourir

Etait la véritable leçon

Que rien n’était perdu car rien ne mourrait sur terre

Au-delà des matières.

 

Cette sagesse elle aurait aimé la diffuser

Qu’elle soit comprise

Qu’elle adoucisse les maux :

Qu’elle amène la paix

C’est si beau la paix quand on l’a trouvée

La paix des fougères est un trésor non caché

Dévoilé à ceux qui ont un cœur en éveil

Une âme d’enfant

Une tendresse qui tend à déborder en chaque geste

Un regard naïf sur les choses.

 

Vaille que vaille iraient les enfants de la fougère-mère

Leur cordon étant coupé

Il ne leur restait que la fine tranche des ondes

Reliant l’âme à l’âme

La fibre à la fibre

L’amour à l’amour

Quand ceux-ci semblent souvent s’atténuer

Regarder d’où part sa racine-mère :

La terre

Où se projettent ses bras-pensées :

Les étoiles.

 

Entre ici et là-bas rien d’autre qu’une immensité

Un bain d’énergie

Dans lequel se baignent chaque jour

Les êtres.

 

Carole Radureau (22/10/2019)

 

 

Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Fougère au coeur

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A
Belle allégorie de la transmission entre génération, ce poème te colle à la peau!
Répondre
C
J'ai une peau de fougère c'est pour ça.