Minuscule 2 – Intimité

Publié le 29 Août 2019

Donnez-moi le criquet en habit de camouflage

La coupe évasée d’une étoile habillée en fleur

Une tomate verte comme une boule de billard

Brillante comme astiquée par le chiffon de l’aurore

Avec sa promesse

Son attente.

 

Un secret se love dans son hamac d’incertitude

La minuscule araignée blanche a tricoté son fil de nacre

Entre les spores de la fougère

L’ombre chinoise donne aux spores une forme de cœurs

Multiples cœurs à prendre par le vent

Sans effort sans tourment.

 

Un bouquet blanc peut-être le bouquet de la mariée

Est butiné par la trompette du non-dit.

 

Il y a tant d’éclat

Tant de légèreté

Une fluidité guidée par l’œil averti

Un monde à découvrir pourtant là sous nos yeux

Je suis le lapin blanc qui court tout le temps

Et qui attendait la démonstration de vie.

 

Comme une soucoupe

Volant sur le fond d’écran

La corolle bleue a lavé son apparence de pastel

Pour en faire une poésie d’outremer.

 

L’épi d’ivoire nuancé danse avec la nuit un tango langoureux

Une petite fougère est décorée comme un sapin de noël

Avec tant de finesse

Il y a tant d’esprit tant d’art

Dans l’ordonnancement de dame nature.

 

Donnez-moi le noir de l’insecte tranchant sur le blanc des fleurs

Ici rien ne manque

Tout est détaillé

Il ne reste qu’à retranscrire

Sur le papier

La subtilité

Les jeux d’ombres.

 

Donnez-moi la coupe dévoilée du champignon

Des œufs d’escargots translucides

Ce sont des perles de tapioca

Les fuseaux horaires du blé

Donnez-moi les fruits dénudés

Les corolles bouches ouvertes avec leur palais pleins de mystères

Donnez-moi la sauterelle sur le départ

Donnez-moi-même l’œil du crapaud tendrement dévoilé.

 

Donnez-moi les gouttes de rosée qui comme des perles vont au pas du collier

Qui comme des miroirs révèlent tout sous leurs jupes

La poésie du revers d’une feuille avec ses perles de rosée

Comme un compte-goutte de chlorophylle.

 

Je voudrais encore que tu me donnes la punaise en robe de plumetis

Et ses pattes de danseuse étoile

Ses yeux de limace confuse

Un petit couple de punaises accolées

Un regard de lézard prêt à être adopté

Si doux si fin

Une sauterelle qui louche et veut se faire bois.

 

Certaines images sont si belles

Mais on ne trouve pas de mots

Seul l’instant présent

Le silence

Les habillent de vérité.

 

Une sauterelle verte a pris la fille des airs

Elle est déguisée en feuille en a pris toutes les nuances

La bête qui butine n’a pas vu qu’on l’observait

Tout comme la goutte qui veut tomber/goutte au nez

Tout comme la cape de velours du papillon de nuit/chauve-souris

Et cette corolle-là

Ces étamines qui dépriment

Cette graine qui vole.

 

Donnez-moi la carrosserie d’une punaise

Les yeux réprobateurs de la sauterelle

Tant de gouttes des beautés de la terre-mère

Amoureuses,

Collantes,

Elles veulent nous montrer par leurs larmes

La vérité de leurs supports favoris.

 

…..l’oud a traversé les images avec son pas de sable

Son ouïe translucide tel le grain de l’ivraie

Le désert a tremblé

L’aube a fui

Le rideau s’est baissé sur le pays des merveilles minuscules.

 

Carole Radureau (29/08/2019)

 

Poème inspiré par la vidéo des photos de Serge, intitulée Minuscule 2

Merci beaucoup pour ces merveilles.

Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Quartz de vie

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
H
Tes mots ont plus de profondeur de champs que mes photos !<br /> quand je fais de la macro photo, je retrouve une âme de gamin, en lisant ton poème aussi<br /> Enfin, j'espère que je leur casse pas trop les bombons à ces petites créatures, la sauterelle aux gros yeux est une Ephippiger diurnus, quand je m'approchais pour lui tirer le portrait, ses antennes touchaient l'objectif ! :)<br /> Merci pour ce beau poème<br /> Bisoux
Répondre
C
Je crois que tu as gardé ton regard d'enfant sur la nature et la petite vie, c'est comme si tu étais petit garçon avec une loupe de fortune en train d'observer tous les détails de ces petites bêtes que l'on oublie que l'on écrase même parfois. La sauterelle aux yeux en colère est incroyable, tu l'a super bien détaillée, elle t'a fait les gros yeux à mon avis. Chez nous cette année on revoit plus de sauterelles, j'ai même vu une sauterelle couteau dans une jardinière. Bisous Serge
A
J'ai vu chez Serge hier soir. Vous êtes tous deux de fins observateurs et des poètes, chacun à sa façon et c'est un heureux tandem artistique que vous constituez ensemble. Merci à vous deux.
Répondre
C
Je trouve ça formidable de voir ces petites choses en détail, je n'arrive pas à faire cela avec mon appareil photo, alors pour moi c'est comme un voyage.