Indienne

Publié le 2 Mai 2019

Oeuvre du peintre Alfredo Rodriguez

Avec mon arc
De sureau
Mes flèches en tuteur
La tension de mon âme
Propulseur avisé
Heureuse
J’étais
D’une joie pure et sincère
Naturelle
Et soyeuse
Un entraînement spirituel
Puisé dans la force des siècles
Ces moments d’accomplissement
De solitude
De liberté
Sont des moments-clé de l’affirmation
De l’être.

Petite indienne
A eux je m’identifiais
Voulant découvrir les secrets
De la couture
Les secrets du tannage
Les secrets de la construction sommaire
J’avais des auxiliaires généreux et patients
J’étais fille du vent
Au sang sombre dans les veines
D’un continent qui n’était pas le mien
Je voulais sans doute leur ressembler
Leur liberté me semblait essentielle
Je lisais dans leur vie ce qui semblait manquer dans la mienne.

J’ai alors aimé passionnément
Les peuples originaires
Peu importe le nom qu’on leur donnait alors
Indien étant le plus courant
Ils étaient là en moi
Peut-être depuis ma naissance
Ou avant
Ils sont toujours là en moi
Je ne m’identifie plus à eux
J’ai grandi et compris :
Je ne suis pas indienne
Seul mon cœur l’est.

Une période assez longue est passée
Sans pouvoir m’en soucier
J’avais 4 petits à élever
A faire grandir comme des mélèzes confiants
Et sûrs
J’avais envie d’écrire pour les enfants
Des contes expliquant les peuples
Je ne connaissais pas internet
Lui m’a donné le pouvoir
Ce pouvoir que j’exploite au maximum
Cette force-sève que j’y inscris comme dans du marbre
Tapoté du sang sombre de mes jours qui coule
Irrémédiablement
Dans le lit des amérindiens.

Je suis ici et eux là-bas
Ils sont en moi quoi qu’il en soit
Mes frères, mes sœurs, mes ancêtres, mes enfants
Ma famille a moi reconstruite
Dans le froid et la furie de la civilisation.

Je n’ai aucune idée du pourquoi
Du comment
Du parce que
Ce n’est pas compulsif
Ce n’est pas curatif
Je l’ai cru un moment
Ce n’est pas fatiguant
Ce n’est surtout pas lassant
C’est une aventure si belle
Si déterminée
Une forêt de peuples à reconstruire.

Il y a des certitudes
Il y a de fortes probabilités
Il y a dans la nature des pierres qui savent
A interroger
Des aigles et des chouettes qui veulent crier leur ressenti
Il y a c’est sûr
Une très forte connexion.

Si les flèches
Par mon arc de sureau, tirées
Volent à présent sur la toile non tissée
Ce sont des flèches de connaissance
De patience et d’espoir
Qui font siffler avec gaieté un petit chant
Puisé dans le répertoire du pinson.

Carole Radureau (02/05/2019)



Rédigé par caro et hobo

Publié dans #La pierre d'hier

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A
C'est vrai que tu as plongé dans une grande, noble et merveilleuse aventure et qu'elle est devenue un peu le fil de ta vie. Qu'importe d'être née ou pas parmi les amérindiens, c'est le coeur qui fait la différence et on peut dire que tu es amérindienne de toutes tes fibres.
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C
C'est vrai ce que tu dis du fil; c'est un sacré fil même, mais je ne me lasse pas de le tisser. La voie du coeur est universelle il me semble, ça doit être la plus belle aussi.