Comme les sources, s’offrir à la terre
Publié le 14 Janvier 2019
(…) Il faut être doux et s’offrir à tous,
Pour vivre il n’y pas d’autre façon
D’être la douceur. S’offrir à autrui
Comme les sources s’offrent à la terre (…)
Pablo Neruda (Le refrain du boutiquier, Hélios et les chansons dans Crépusculaire)
Comme les sources, s’offrir à la terre
S’écouler
Sable mouvant
Dans chaque fente
Tellurique
Remplir chaque interstice
Eau séminale
Entrer dans la matière-mère
Jusqu’à l’entre-aimer lèvres entrouvertes
Cœur entier :
Satiété.
Comme les sources, inoculer sa sève vive
Au goutte-à-goutte de la tendresse
Ecouter le son cristallin de son cœur
Qui s’effiloche
Dans les recoins d’une anse dégarnie.
Avec douceur
S’inviter dans le cœur
Dans la matrice
Eau conquise par les chœurs chuchotant la sécheresse
Avec douceur
Se fondre en la mère attentive et sincère
Ne faire plus qu’un
Etre un battement régulier :
Ininterrompu.
Comme les sources glouglouter intrinsèquement
Dévaler
Eternellement
Déguster
Des ions infinitésimalement circonspects
Epouser l’onde
En faire une naïade amoureusement rebelle
Rafter
Courageusement
L’âme liquide épousant la force pure de la lame
Embrassant la force immobile du roc
Empiler
Adroitement
Chaque goutte
En faire une tour de Pise liquide et dévolue à l’irrigation
Permanente des yeux
Afin que pleurent
Ceux
Qui ont perdu la chair d’eau
Afin que s’écoulent les larmes
De ceux qui
N’ont pas pu
La retenir
Afin que giclent les épées sanguinolentes de la perte.
Que la source tarie
Soit ici remerciée d’avoir oublié
Un jour de
L’être.
Carole Radureau (13/01/2019)