Gardien de la floritude
Publié le 15 Septembre 2018
…..Robert Doisneau et moi, une image vaut 289 mots….
Anguille
Se faufilant
Entre les vases noirs
Frôlé par les feuillages dentelés
Des chrysanthèmes tokyo
Les petits chatouillis sensuels des asparagus
Comme un air d’exotisme
Le sang du gloriosa éclaboussant
Les mirettes
Un parfum chaud et puissant
Embellit l’air ambiant :
C’est le jour du muguet et les clochettes
Tintinnabulent.
Lui,
Il n’a pas son pareil pour être
L’âme de la boutique
Là où naît le rayon de soleil :
Il dort
Là où viennent d’être rangées
De nouvelles
Vanneries :
Il dort
Y compris dans les plus petites (il aime surtout les plus petites !)
Percepteur des impôts
Des rats et des souris
Il prélève à la source
Des enquiquineuses
Chaque matin
Devant la porte
Gisent têtes et queues
Des sacrifiées
Sur l’autel de la qualité de vie
Des fleurs (les vraies et les invitées) de cette boutique.
Lui,
Il se bat parfois avec des chats
Inopportuns
Qui viennent piétiner ses plates-bandes
C’est-à-dire
Sa cour de gent féli-féminine :
Parfois le matin c’est le chaos dans la boutique :
Un combat de matous a eu lieu dans l’arène
Où gisent les têtes des roses Sonia et Baccara
Et les souris ont fait la fête
Car leur fête à elles a été oubliée.
Devanture
Parfaite
Un qui a la patte blanche
Pour inciter l’entrée
La visite derrière monsieur chat
Se fait comme dans un rêve
Il va
Il vient
Ses pas sont légers comme des feuilles
Qui tombent sur un tapis de nuage
Il sait d’où il vient où il va
Il vous invite simplement à humer
Le parfum
Particulier,
Unique,
De la floritude
Il vous invite aussi
A ne pas faire de bruit car déjà
Se profile
L’heure de sa énième
Sieste.
Carole Radureau (08/09/2018)
Robert Doisneau, Le chat de la fleuriste, 1953, Paris