Pour l'envie de Pablo Neruda - Extraits choisis -
Publié le 13 Avril 2014
Peut-être l’homme grandit-il sans respecter,
comme l’arbre de la forêt, la volonté
du monde qui l’entoure,
et voici que soudain
s’il était la racine il est aussi la nuit
et s’il produit des fruits il donne aussi de l’ombre.
Ombre et nuit que le temps et le feuillage
abandonnèrent en grandissant,
tant et si bien que depuis cette humidité inerte
où les germinations attendent
on ne distingue plus les doigts de la lumière :
oui, le soleil gratuit fut refusé
à la graine affamée
et l’âme, en pleine nuit, déchaîne
une croissance tourmentée.
Extrait choisi par Serge-Hobo
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image françois c
Je sors pour être ce que j’aime, la présence
nue du soleil sur le rocher,
pour être ce qui pousse et pousse sans savoir
qu’il ne peut abolir sa croissance :
le blé donner le grain : être innombrable
sans raison : car c’est ce qui lui fut ordonné :
sans ordre, sans commandement,
et, parmi ces choses-là qui ne se partagent,
cette secrète volonté, peut-être,
cette trépidation du pain, du sable,
ont-elles réussi à imposer leur condition
et ne suis-je moi que matière vivante
qui fermente et qui lève ses insignes
dans la fécondation de chaque jour.
Extrait choisi par Caro
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