Palestine ton nom résonne à jamais
Publié le 22 Juillet 2013
.......Les défricheurs d’amour exécutent leur besogne, arrachant l’olivier à la terre, comme on enlève un enfant à sa mère...........
Le peuple a drapé le désert d’une larme
Qui cristallise chaque grain de sable
Des souffrances ancestrales …
Résistant à la furie des vents
Les dunes dessinent un keffieh
Qui imprègne la terre d’un esprit de lutte
Les défricheurs d’amour exécutent leur besogne
Arrachant l’olivier à la terre
Comme on enlève un enfant à sa mère
Mais le cri monte des pierres
Gronde comme jaillit la lave
La liberté sortira de tes entrailles
Palestine ton nom résonne à jamais
Comme un enfant qui hurle à la vie
Comme une patrie à sa terre unie
Tu chantes à la face du monde ta berceuse
Qui protège tes enfants des chars
Qui assouvit leur faim et étanche leur soif
Les figuiers n’offrent plus leurs fruits à tes martyrs
Victimes d’une chambre à gaz alimentée par la communauté
De ceux qui se prétendent humains
Que tu sois terre promise, terre sainte ou terre sacrée
Ton ventre engendrera la paix et la liberté
L’inéluctable victoire des peuples sur les dieux
Hobo Lullaby ( Palestine)
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........Tes cheveux ont la couleur de l’olive, A laquelle nous n’avons plus le droit de toucher............
Dans tes yeux,
Mon enfant,
J’ai lu l’exil.
Toi, qui es né
Loin du pays,
Tes cheveux ont la couleur de l’olive
A laquelle nous n’avons plus
Le droit de toucher.
Dans l’éclat de tes dents serrées,
Mon enfant,
Je regarde
Des milliers d’étoiles calcinées,
Nos terres volées,
Nos maisons bombardées,
Des bouquets de poings
Tombant sous les orangers.
Dans le mercure de tes larmes,
Mon enfant,
J’ai lu l’exil,
L’exil d’un peuple.
........Ni patrie ni exil que les mots, mais passion du blanc pour la description des fleurs d'amandier.........
Pour décrire les fleurs d'amandier,
l'encyclopédie des fleurs et le dictionnaire
ne me sont d'aucune aide...
Les mots m'emporteront
vers les ficelles de la rhétorique
et la rhétorique blesse le sens
puis flatte sa blessure,
comme le mâle dictant à la femelle ses sentiments.
Comment les fleurs d'amandier resplendiraient-elles
dans ma langue, moi l'écho ?
Transparentes comme un rire aquatique,
elles perlent de la pudeur de la rosée
sur les branches...
Légères, telle une phrase blanche mélodieuse...
Fragiles, telle une pensée fugace
ouverte sur nos doigts
et que nous consignons pour rien...
Denses, tel un vers
que les lettres ne peuvent transcrire.
Pour décrire les fleurs d'amandier,
j'ai besoin de visites
à l'inconscient qui me guident aux noms
d'un sentiment suspendu aux arbres.
Comment s'appellent-elles ?
Quel est le nom de cette chose
dans la poétique du rien ?
Pour ressentir la légèreté des mots,
j'ai besoin de traverser la pesanteur et les mots
lorsqu'ils deviennent ombre murmurante,
que je deviens eux et que, transparents blancs,
ils deviennent moi.
Ni patrie ni exil que les mots,
mais passion du blanc
pour la description des fleurs d'amandier.
Ni neige ni coton. Qui sont-elles donc
dans leur dédain des choses et des noms ?
Si quelqu'un parvenait
à une brève description des fleurs d'amandier,
la brume se rétracterait des collines
et un peuple dirait à l'unisson :
Les voici,
les paroles de notre hymne national !
Mahmoud Darwich (Pour décrire les fleurs d'amandier)
Extrait du recueil : « Comme des fleurs d’amandier ou plus loin »
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.......Je vois le leader victorieux de la révolution, me saluant d’une main de fer, l’autre main lance des éclairs............
Oui, il se peut que nous mourions, mais nous arracherons la mort de notre terre
Oui, il se peut que nous mourions, mais nous arracherons la répression de notre terre
Là-bas, au loin, si loin, ô camarade, les soldats me mèneront
Ils me jetteront dans le noir affreux, dans l’enfer des menottes
Oui, il se peut que nous mourions, mais nous arracherons la mort de notre terre
Oui, il se peut que nous mourions, mais nous arracherons la répression de notre terre
Ô camarade ! Ils ont fouillé ma chambre
Ils n’ont trouvé que des livres
Des amas d’os – mes frères qui gémissent entre père et mère
Ils les ont réveillés par des coups de pied
Ils ont embrassé la colère dans les yeux
Je suis maintenant entre les soldats de l’oppression
Je suis halé au pénitencier
Le visage de mon père m’est toujours présent, m’armant d’espoir
Ma mère gémit longuement et mes frères crient
Quelques voisins sont autour, chacun ayant un fils dans les prisons
Mais malgré l’oppression des soldats, j’ai levé une main alourdie de chaînes et j’ai crié :
Je reviendrai avec une armée de camarades, de tonnerres
Je vois là-bas un ouvrier dans la rue
Je vois le leader victorieux de la révolution
Me saluant d’une main de fer, l’autre main lance des éclairs
Je suis maintenant entre des centaines de camarades
Je serre mes mains aux leurs
Je me sens fort, je vaincrai ma cellule
Où nous ne mourrons pas, nous vivrons même si les menottes brisent nos os
Même si les fouets nous déchirent
Même s’ils jettent nos corps au feu
Oui, il se peut que nous mourions, mais nous arracherons la mort de notre terre
Oui, il se peut que nous mourions, mais nous arracherons la répression de notre terre
Mo’in Bsesso (Oui, il se peut que nous mourions)
Source : « Palestine et Palestiniens. »
Groupe de tourisme alternatif.
Ramallah, 2003.
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........Ils se rappelleront alors les matinées de la rosée, l’odeur de l’eau et les fumées de l’aube sur la lune............
La paix, je la demande à ceux qui peuvent la donner
Comme si elle était leur propriété, leur chose
Elle qui n’est pas colombe, qui n’est pas tourterelle à nous ravir,
Mais simple objet du cœur régulier,
Mots partagés et partageables entre les hommes
Pour dire la faim, la soif, le pain, la poésie
La pluie dans le regard de ceux qui s’aiment
La haine. La haine.
Ceux qui sont les maîtres de la paix sont aussi
les maîtres de la haine
Petits seigneurs, grands seigneurs, grandes haines toujours.
L’acier est là qui est le métal gris-bleu
L’atome est là dont on fait mieux que ces compotes
Qu’on mange au petit déjeuner
Avec du beurre et des croissants
Les maîtres de la guerre et de la paix
Habitent au-dessus des nuages dans des himalayas,
des tours bancaires
Quelquefois ils nous voient, mais le plus souvent
c’est leur haine qui regarde :
Elle a les lunettes noires que l’on sait
Que veulent-ils ? Laisser leur nom dans l’Histoire
À côté des Alexandre, des Cyrus, des Napoléon,
Hitler ne leur est pas étranger quoi qu’ils en disent :
Après tout, les hommes c’est fait pour mourir
Ou, à défaut, pour qu’on les tue
Eux, à leur façon, qui est la bonne, sont les serviteurs d’un ordre
Le désordre, c’est l’affaire des chiens – les hommes, c’est civilisé
Alors à coups de bottes, à coups de canons et de bombes,
Remettons l’ordre partout où la vie
A failli, à coups de marguerites, le détraquer
À coups de marguerites et de doigts enlacés, de saveur de lumière,
Ce long silence qui s’installe sur les choses, sur chaque objet,
sur la peau heureuse des lèvres,
Quand tout semble couler de source comme rivière
Dans un monde qui n’est pas bloqué, qui est même un peu ivre,
qui va et vient, et qui respire…
Ô monde… Avec la beauté de tes mers,
Tes latitudes, tes longitudes, tes continents
Tes hommes noirs, tes hommes blancs, tes hommes rouges,
tes hommes jaunes, tes hommes bleus
Et la splendeur vivace de tes femmes pleines d’yeux et de seins,
d’ombres délicieuses et de jambes
Ô monde, avec tant de neige à tes sommets et tant de fruits
dans tes vallées et dans tes plaines
Tant de blé, tant de riz précieux, si seulement on voulait
laisser faire Gaïa la généreuse
Tant d’enfants, tant d’enfants et, pour des millions
d’entre eux, tant de mouches
Ô monde, si tu voulais seulement épouiller le crâne chauve
de ces pouilleux, ces dépouilleurs
Et leur glisser à l’oreille, comme dictée de libellule,
un peu de ta si vieille sagesse
La paix, je la demande à tous ceux qui peuvent la donner
Ils ne sont pas nombreux après tout, les hommes
violents et froids
Malgré les apparences, peut-être même ont-ils encore
des souvenirs d’enfance, une mère aimée,
un très vieux disque qu’ils ont écouté jadis
longtemps, longtemps
Oh, que tous ces moments de mémoire viennent à eux
avec un bouquet de violettes !
Ils se rappelleront alors les matinées de la rosée
L’odeur de l’eau et les fumées de l’aube sur la lune
Salah Stétié ( L'odeur de l'eau)
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.......Un jour, un mur poussa dans mon jardin, il portait en lui le germe de la violence, il s’appelait exclusion........
J’avais une maison autrefois.
Fraîche, sobre
toute de simple facture,
il y faisait bon vivre
et chacun
aimait y passer son pas.
J’aimais le fruit du grenadier,
quand dans ma bouche les graines
acidulées, de leur jus tendre
laissaient croquer le suc de l’espérance.
Un jour, un mur poussa dans mon jardin
Il portait en lui le germe de la violence
Il s’appelait exclusion
Il était plus laid que de raison
Il cacha pour toujours mon horizon
Ainsi que celui de mon peuple.
Où sont passés les orangers ?
Les champs remplis de leurs jolies silhouettes
dont les fleurs embaumaient alentour ?
Où sont passés les fruits de l’amour ?
Ceux pour lesquels la vie
méritait son détour.
Un jour la terre dans nos mains
filait, sèche comme dans un sablier.
L’eau manquait
Le mur la coupait
D’un côté les champs fleurissaient, fertiles,
du nôtre, le désert installa sa minérale carapace.
Un jour, la terre fut rouge.
Oui, rouge du sang de nos morts.
Elle absorbait, tel un buvard
ce sang si pur de l’injustice.
Mais elle saturait, la terre.
Ce n’était pas de sang dont elle rêvait.
C’était d’eau.
D’eau et de justice.
J’aimais fabriquer une couronne
avec les blanches fleurs du jasmin,
enfiler ses petites étoiles
sur le fil du lendemain,
puis sur la tête de mon adorée
la coucher comme si une reine
alors aux yeux de tous elle devenait.
Parfum de jasmin,
larmes aux yeux de ma biche :
mes mots vous recouvrez
d’une couronne fétiche.
Le soir, le ciel bleu nuit s’illumine,
on se croirait en plein jour.
Est-ce le dessin de la galaxie qui s’imprime
sur l’écran du décompte de nos jours ?
Non. Ce sont les tirs des roquettes
de notre quotidien.
Les éclats parfois sur nos sols
telles des pierres brillent d’un horrible constat :
demain, combien de morts inutiles
au sein du peuple opprimé ?
Combien d’enfants arrachés à la vie ?
Assez de sang a coulé
irriguant nos générations
de sa rouge couleur faisant jaillir des tisons
dans nos cœurs perdus.
L’apartheid tue depuis 60 ans.
Le savez-vous, amis ?
Le tunnel est sans fin,
jamais nous n’avons vu la lumière
au bout de notre chemin de misère.
Palestine, mon amour
Entends-tu mon sang au loin
Qui tape dans son cœur lourd
Contre le mur du destin ?
Carole Radureau (Sur le pas de ma maison 24/06/2013)
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